La prudence des délégations indépendantistes a été de mise durant toute la semaine de discussions, à l’invitation de la Première ministre. Ils ont “pris connaissance”, mais n’ont pas négocié. Ils ont écouté, mais n’ont pas pris acte. Ils ont participé à des réunions à trois, mais considèrent que ce ne sont pas des “trilatérales”. On les comprend.
Si en effet, le Palika s’est montré ouvert à la discussion lors du précédent passage en Nouvelle-Calédonie de Gérald Darmanin, annonçant même son accord pour un corps électoral glissant d’un minimum de 10 ans, l’Union Calédonienne n’a pas modifié son intransigeance. Dans plusieurs communiqués, elle a souligné l’impossibilité de discuter de la réforme électorale, ni du statut, en dehors d’une “trajectoire” menant le territoire à “un traité d’indépendance” en 2025.
De retour de Paris, les représentants du parti de Daniel Goa vont rendre compte. Mais ce sont les instances du mouvement qui décideront ensuite, probablement d’abord au cours d’un comité directeur, puis dans un congrès qui pourrait se tenir fin novembre.
Mais quoi qu’il en soit, sur la base idéologique affirmée au fil des communiqués pour le moins fermes, soit du président Daniel Goa, soit du Secrétaire général, toute acceptation des propositions gouvernementales correspondrait à un changement de stratégie ! Le corpus idéologique se bornerait alors à considérer que l’objectif final demeure la pleine souveraineté de Kanaky-Nouvelle Calédonie. Un jour.
Ainsi, comme le laissait entrendre l’un des Vice-présidents du parti, le document réputé “martyr” de l’État sera-t-il effectivement martyrisé. Au point de perdre tout sens ? Telle est la question.
Comment en effet l’UC pourrait-elle rendre crédible auprès de ses militants une accession à l’indépendance issue d’un “traité” bilatéral dans moins de deux ans ? Comment, d’autre part, bouder la proposition de l’État d’aider le territoire à boucler “ses exercices budgétaires”, alors que la Nouvelle-Calédonie -dirigée par les indépendantistes-, se trouve face à une décomposition de ses finances publiques et de ses comptes sociaux ?
Assurément, après l’épisode parisien, au moins pour l’Union Calédonienne, le plus dur reste à faire. Le Palika tiendra-t-il une ligne plus souple ? Ce serait alors la cohérence du FLNKS qui serait en cause. Mais déjà, celle-ci n’est-elle pas fissurée à l’approche annoncée des élections provinciales où l’Union Calédonienne rêve de ravir la présidence de la province Nord à Paul Néaoutyne ?