C’est une figure politique, Franck Wahuzue, qui a disparu ce week end, emporté par une longue maladie, figure complexe apparue au grand public en juillet 1979. À cette date que Jacques Lafleur décide d’intégrer ce jeune Mélanésien dans l’équipe gouvernementale qui est alors dirigée par Dick Ukeiwe.
Franck Wahuzue y est chargé de la Jeunesse et des Sports, mais surtout, d’un secteur nouveau intitulé « Promotion mélanésienne ». Il s’agit, pour le patron du RPCR, d’ouvrir une voie plus large pour offrir aux Kanak une plus grande place dans la société calédonienne, et surtout, d’offrir de nouvelles perspectives aux jeunes Kanak. Dans ce rôle, Franck Wahuzue va exceller. La « promo » sera rapidement sur toutes les lèvres des décideurs, et le conseiller de gouvernement aura les coudées relativement franches pour mener sa mission, avec le soutien total de Jacques Lafleur. D’ailleurs, dans un média local, il n’hésitera pas à affirmer : « je suis Lafleuriste avant d’être RPCR« .
Le destin ministériel de Franck Wahuzue s’achève avec la chute du conseil de gouvernement Ukeiwe, emporté par une majorité composée du Front Indépendantiste et de la FNSC. Pendant cette période, il interviendra au titre de la sphère coutumière à la Table Ronde de Nainville-les-Roches, alors qu’il est secrétaire du Conseil des Grands Chefs.
Ce sera ensuite novembre 1984, et le début des événements. Il jouera un rôle mal connu pendant ces périodes troubles, au sein du monde indépendantiste, période, qui se soldera par le drame d’Ouvéa.
A la fin des années 80, il conserve l’estime de Jacques Lafleur, et constitue une des passerelles entre les signataires des Accords de Matignon. Son dernier mandat public sera la présidence du directoire d’Air Calédonie en fin des années 90 et jusqu’au 27 octobre 2004.
Incontestablement, Franck Wahuzue, par son action politique, mais aussi par divers réseaux, a joué, un temps, un rôle visible ou plus discret dans la vie politique calédonienne. Doué d’une personnalité aimable, humaniste pour ses amis, il a participé, au travers de la « promotion mélanésienne », à la reconnaissance de la culture et de l’identité kanak, tout en s’efforçant d’encourager la formation et l’accès aux responsabilité des jeunes Mélanésiens.