Cette fois, les différences dans les positions des principales formations du FLNKS sont publiques. Après le coup de gueule de l’Union Calédonienne, très critique à l’égard de la “méthode” de “l’État Macron”, et dont la commission exécutive a décidé le boycott de toute réunion avec des représentants de l’État avant son prochain congrès, le FLNKS a pris une position contraire.
Réuni le 19 septembre, le Bureau politique du Front a pris position sur l’attitude à avoir avec Gérald Darmanin lors de sa venue le 11 octobre prochain pour discuter de la suite à donner au “document martyr” proposé par l’État. Pour mémoire, ce document développe 6 thématiques, le statut de la Nouvelle-Calédonie au sein de la République, les institutions locales, le corps électoral et la citoyenneté calédonienne, l’exercice de l’autodétermination, les compétences, les mesures économiques et financières, les mesures d’application de l’accord.
Le Palika et l’UPM confirment donc, suite à la décision du FLNKS, deux divergences de taille avec l’UC. La première concerne la méthode. Dénoncée publiquement, notamment par le président du Congrès, elle recueille au contraire l’assentiment de l’Uni, “pour nourrir les réflexions des congrès respectifs des indépendantistes et du FLNKS, afin de dégager les orientations stratégiques à venir qui devront guider la poursuite des discussions et des négociations“.
La seconde est évidemment l’acceptation de la rencontre avec les ministres qui viendront en octobre prochain, rencontre qui sera boycottée par l’UC.
S’agit-il pour autant d’une fracture au sein du FLNKS ? Ce sera à la fois imprudent et audacieux de l’affirmer. Ce sont plutôt des divergences -certes fortes- qui surgissent entre les deux grandes mouvances séparatistes. Le 11 octobre prochain, les autonomistes, le Palika er l’UPM seront autour de la table, probablement ensemble, pour entrer dans les “amendements” à apporter aux 6 thématiques proposées.
Le Palika, par la voix de Jean-Pierre Djaiwe, avait annoncé son accord pour une réforme électorale basée sur un corps glissant à 10 ans. C’est ce qui a été repris par l’état. Parmi les autres points, c’est évidemment la question de l’autodétermination qui est majeure pour les indépendantistes.
Là également, il existe une grande divergence avec l’UC qui continue à exiger un “traité d’indépendance” dès 2025.
Le fait que des discussions se déroulent en l’absence d’un partenaire n’est pas une première pour le FLNKS. En mai-juin 2021, c’est l’Union Calédonienne qui s’était rendue seule à Paris, une réunion boudée par le Palika. On ne peut donc pas parler, cette fois-ci, de fracture. Mais la suite sera déterminante pour la cohésion du FLNKS.
La suite, ce sera les congrès respectifs de chacune des composantes, puis un congrès du FLNKS. Si les divergences se confirment, alors il sera possible de parler de fracture, à la fois dans des méthodes radicalement opposées, et également dans la stratégie pour accéder à la pleine souveraineté.
En toile de fond, toujours, les prochaines élections provinciales. Ni divergence, ni fracture : l’Union Calédonienne et le Palika seront carrément face à face pour conquérir ou conserver la présidence de la province Nord. Avec cette fois, possiblement, un arbitrage des non-indépendantistes …
