Christel Bories, PDG d’Eramet, a décidé de démissionner de son poste d’administratrice de la SLN, Elle a été remplacée par le directeur des affaires juridiques du Groupe Eramet. Comment, au moment où l’État propose de sauver la filière nickel calédonienne par des mesures de fond et une réorientation stratégique, considérer que cette initiative est anodine ?
Depuis des années, plusieurs actionnaires du groupe estiment que leur implantation en Nouvelle-Calédonie n’est pas profitable à leurs intérêts. Historiquement, ils pourraient pourtant y être attachés. Mais une partie des responsables Calédoniens leur assène les témoignages de défiance, quand ce n’est pas de haine. Et certains sont prêts à provoquer la ruine de l’installation métallurgique de Doniambo.
Cette attitude, il faut le rappeler, n’est pas spécifiquement celle des indépendantistes, même si ces derniers sont constants dans une sorte d’entreprise de démolition.
Il y a d’abord cette volonté, affichée clairement par le président de Calédonie Ensemble, mais également inscrite dans la « doctrine nickel » indépendantiste, de rendre la Nouvelle-Calédonie majoritaire dans le capital de la SLN. En d’autres termes, exit la gouvernance Eramet.
Il y a ensuite l’indifférence affichée par l’actionnaire calédonien, la STCPI, devant les difficultés de la SLN, et qui se manifeste depuis plus d’une décennie par un silence assourdissant. La STCPI, cependant, n’a pas manqué d’engranger les milliards servis par les sociétés dans lesquelles elle est actionnaire.
Il y a également les messages de haine diffusés par d’éminents élus qui, à intervalles réguliers, dénoncent ce qu’ils appellent le pillage de nos richesses par la SLN.
Il y a enfin les obstacles aux extractions minières décidées par la province Nord sur Kouaoua et Poum, et dont on dit qu’ils pourraient s’étendre à Népoui. Et donc provoquer l’asphyxie de l’usine de Doniambo.
Il faut ajouter à ce cocktail les taxes sur les extractions et les exportations de minerai qui, outre les mineurs, ne toucheraient … qu’une entreprise métallurgique, la SLN ! Les autres sont en effet « protégées » par leur statut fiscal.
C’en est, peut-être, trop pour des actionnaires qui considèrent que l’entrepreneuriat doit être soutenu et non combattu, et que le but d’une entreprise vise à la prospérité, et non à la faillite. Déjà, le groupe avait décidé de s’approvisionner en mattes auprès d’un fournisseur européen. Conserver une production de ferro-nickel cher, carboné, dans un climat hostile, et pour finalement accumuler les déficits n’est, pour eux, guère inspirant.
Bien entendu, selon la SLN, la démission de Christel Bories ne résulte que d’un risque de conflit d’intérêt entre sa position de PDG d’Eramet et celle d’administrateur de la société. Les services de l’éminent juriste qui la remplace aurait été bien inspirés de lui faire profiter de cette analyse depuis bien longtemps.
Nous pouvons en déduire, bien sûr, qu’Eramet ne se désengage pas. Il serait faux de prétendre même que la structure du capital pourrait être modifiée. Les mauvaises langues viendraient-elles s’ajouter aux mauvais esprits ?