Le succès de l’Union Calédonienne, le parti politique indépendantiste le plus radical, aux élections sénatoriales, avec pour conséquence la défaite de Sonia Backès, candidate du parti présidentiel, ont probablement ébranlé quelques convictions au sein du gouvernement central.
Deux tendance internes y existent. Celle de la Première ministre, femme de gauche, qui ne portait guère la présidente de la province Sud dans son coeur. Et celle de Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, portefeuille dans lequel Sonia Backès était Secrétaire d’État, et dont les convictions sont clairement celles d’une droite sociale, rappelant les valeurs du gaullisme. Lors du précédent remaniement ministériel, Darmanin était l’un des favoris pour la fonction de Premier ministre, mais le président de la République a préféré confirmer Elisabeth Borne.
Le ministre de l’Intérieur a récemment fait une rentrée politique remarquée, et peu commune pour un membre du gouvernement. Beaucoup voient en lui un possible candidat face à Marine le Pen en 2027. L’intéressé a, pour sa part, indiqué qu’il se rangerait aux côtés d’Edouard Philippe si le maire du Havre se présentait. Une complicité ancienne lie les deux personnalités, issues de l’UMP.
Dans les circonstances actuelles, la position de Gérald Darmanin pourrait paraître quelque peu affaiblie. Emmanuel Macron a lui même été surpris du résultat des sénatoriales calédoniennes, et une attitude plus prudente ne serait pas étonnante. C’est que l’échec d’une révision constitutionnelle proposée par ses soins marquerait très négativement son second quinquennat.
Pour réussir son opération, le président de la République souhaite, à l’évidence, élargir le champ de l’éventuelle révision constitutionnelle à l’évolution du statut d’autres collectivités comme la Corse, et y introduire un sujet qui fait consensus, celui de l’interruption volontaire de grossesse.
Le gouvernement tiendra-t-il sa ligne ferme sur la réforme de la Constitution indispensable à celle du corps électoral calédonien ? Plusieurs questions se posent désormais, mais Gérald Darmanin devrait y répondre lors de sa venue.
Dans l’hypothèse contraire, il restera aux non-indépendantistes à contester le décret de convocation aux prochaines provinciales en cas d’absence de d’ouverture du corps électoral gelé. Il y aurait alors de fortes présomption d’annulation, mais qui peut prétendre, avec certitude, que les juridictions iraient contre la volonté des indépendantistes et du porte-parole de Kanaky au Sénat ?