La question est en suspens depuis plusieurs décennies. Les plus éminents spécialistes ont étudié le sujet, de même que des acteurs locaux, pour définir les avantages et les inconvénients de l’abandon du franc CFP au profit de l’euro. En reprenant cette proposition, les groupes des Loyalistes et du Rassemblement au Congrès veulent inscrire cette mutation essentielle pour notre économie dans les discussions sur l’avenir du territoire.
Il est vrai que l’appellation « CFP » est tellement ancrée dans nos mœurs de Calédoniens que le sujet est oublié. Pourtant, plutôt que le maintien de cette monnaie de compte, l’adoption directe d’une devise forte aurait des effets probablement salutaires sur l’économie de la Nouvelle-Calédonie.
Ceux-ci, d’ailleurs, ont été, à plusieurs soulignés par d’éminents spécialistes, ou des experts locaux comme l’ancien président de l’Université de Nouvelle-Calédonie, Gaël Lagadec. Les facilités bancaires, pour les échanges nationaux et internationaux, ne sont plus à démontrer. Le mécanisme complexe nuit à la simplification des transactions, autant qu’à leur crédibilité à bien des égards. Les relations économiques, avec l’Europe, subissent également cette complexité. Quant aux autres fournisseurs et partenaires, la considération qu’ils ont du franc CFP est … limitée.
Quant aux Calédoniens, ils craignent à épisode régulier, « la dévaluation du franc CFP ». Il faut dire que notre monnaie de compte, rattachée à l’euro parce nous sommes territoire français, et jouissant d’une parité fixe, pourrait être instable. À tout moment, cette parité pourrait changer. Ce risque toutefois, n’est jamais intervenu et aucune raison ne permet de le craindre.
En réalité, la question est politique. Les deux groupes non-indépendantistes proposent de passer à l’euro. Jusqu’à présent, les indépendantistes y seraient plutôt hostiles. Et c’est là que la divergence sémantico-politique est relativement incompréhensible. Sauf, évidemment, à envisager une indépendance à court terme et la création d’une monnaie purement locale. Une hypothèse à exclure dans le temps présent.
C’est qu’en effet, notre franc, rebaptisé franc des « Collectivités ou des communautés Françaises du Pacifique« , demeure le lien ombilical qui nous rattache … à l’ère coloniale. Car sa véritable appellation est bien le franc des Colonies Françaises du Pacifique décidé par le général de Gaulle à la fin de la dernière guerre mondiale. De quoi, peut-être, s’accorder sur une évolution monétaire avec les indépendantistes …