L’Union Calédonienne a une façon bien à elle d’être en permanence ouverte au dialogue. Le parti est prêt à négocier, mais pas avec n’importe qui, et sur un seul sujet dont l’issue … n’est pas négociable : l’accession à la souveraineté. En d’autres termes, c’est l’ouverture acceptée pour un dialogue … de sourds. Et pourtant, deux mots clé émergent des différentes motions adoptés lors du dernier congrès : mobilisation et … dialogue.
Ce qui interpelle dans ce refus de toute discussion avec l’État sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie pour autant que cet avenir se situe au sein de la République, c’est que l’UC veut bien s’entretenir du sujet avec Calédonie Ensemble. Mais alors, si la seule issue, posée comme préalable des entretiens est l’accès à la pleine souveraineté, de quoi est-il question ? Ce serait comme une sorte de syllogisme interrogatif :
– L’UC ne veut pas discuter avec l’État parce que l’État fait des propositions institutionnelles au sein de la République,
– L’UC accepte de discuter avec Calédonie Ensemble,
– De quoi alors parlent-ils ?
Bien sûr, la politique n’est ni affaire de logique, ni de syllogisme. Bien sûr.
Autre sujet : l’Union Calédonienne tance le Palika et l’UPM, et suggère qu’ils sont « embarqués » dans un mauvais trip. Une façon de prendre toute la mouvance des électeurs indépendantistes à témoin, et pour leur signifier que le parti le plus intransigeant, le plus « pur » en quelque sorte dans la quête pour l’indépendance, c’est celui qui demeure intraitable. Suivez les regards.
Au total, ces constats faits, ces supputations suggérées, la question qui demeure est celle du chemin que compte suivre l’UC jusqu’au terme annoncé : 2025. Car, officiellement, c’est bien la date de « l’ultimatum » affiché par le parti. En 2025, ce serait la signature d’un traité pour l’indépendance, ce qui signifie l’organisation, à partir de cette date, de l’accession de Kanaky-Nouvelle Calédonie à l’indépendance de manière bilatérale et sans autre forme de procès. C’est là que le bât blesse.
Pour l’indépendance des Comores, le président du gouvernement de l’archipel avait déclaré unilatéralement l’indépendance, en s’appuyant sur un référendum donnant un large résultat en faveur de cette accession sauf dans deux iles. Cette déclaration avait mis Paris devant le fait accompli parce que les États Africains avaient immédiatement reconnu l’indépendance des Comores. Un schéma difficilement soutenable en Calédonie, ce que n’ignore par l’UC.
Reste le renouvellement des assemblées de province, probablement dans un an. En tentant de disqualifier la majorité au pouvoir en province Nord, l’Union Calédonienne joue sa propre qualification. Peut être le véritable enjeu.