Que va-t-il se passer si la SLN, contrainte de privilégier le versement des salaires de ses personnels, n’a plus les moyens d’acquitter ses cotisations sociales à la Cafat ? Il faut dire que l’exemple a déjà été donné par des établissements publics majeurs. Qu’on ne s’y trompe pas. Le directeur général évoquait la situation de la société il y a quelques semaines. Une analogie avec le parcours du Titanic. Tout le monde aperçoit l’iceberg, mais le navire poursuit sa route vers un inéluctable naufrage. Qui s’en soucie, dans le monde des décideurs ?
Le ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique arrive sur le territoire pour 3 jours. Il vient pour sauver la filière nickel, et exige une politique partagée par les parties prenantes. Vaste programme. Le principal outil économique de la province Sud, l’usine Doniambo, risque d’être privé d’approvisionnement en provenance du site de Népoui, après que celui de Poum ait été contraint à la fermeture. Dernier acte : une interdiction d’exporter le minerai de Tiébaghi alors qu’il s’agit d’un produit résiduel de laverie non exploitable localement ! Beaux exemples de solidarité et de développement partagé. Terre de partage …
Bien sûr, il est important d’assurer la transition énergétique de la Nouvelle-Calédonie, et d’assurer ainsi des tarifs d’électricité plus bas pour les métallurgistes. Mais à quoi cela servirait-il si les usines sont contraintes de fermer avant terme ?
Il n’est pas politiquement correct de rappeler une vérité et une évidence selon lesquelles les travailleurs et les contribuables de la province Sud sont ceux qui assurent en presque totalité les recettes publiques locales. Lesquelles sont généreusement partagées avec les deux autres provinces. Quel est le retour de solidarité ?
L’État déverse, notamment dans le Nord et les Iles, les trois quarts de ses interventions en Nouvelle-Calédonie, selon une clé de répartition inégale acceptée lors des Accords de Matignon. Cette manne de centaines de millions a été conçue comme un rééquilibrage nécessaire. Mais pour autant, l’État va-t-il cautionner cette sorte de lente mise à mort de la SLN ? Comble du cynisme : les provinces possèdent un tiers du capital de cette dernière, au travers d’une société présidée par un élu de la province Nord.