La crise de la filière nickel, et dès à présent, la mise en sommeil « à chaud » des installations de KNS, est le révélateur des limites de l’utopie de la « souveraineté pleine et entière » de la Nouvelle-Calédonie, et en deçà, de celles de son « émancipation ». Les grandes décisions économiques en matière d’investissements la dépassent, et ses moyens sont insuffisants pour répondre à une crise aussi importante que celle qui frappe le territoire aujourd’hui.
Pour ce qui concerne KNS, la décision d’avenir a été emportée par Glencore. Le géant suisse a remercié le gouvernement français pour ses propositions, mais estime qu’il en a assez fait, et surtout assez donné. Il va donc se retirer, et personne n’y peut rien. C’est même lui qui va assurer les salaires des employés du complexe minier-métallurgique pendant 6 mois …
Dans ce processus, il est remarquable que Glencore est l’actionnaire … minoritaire de l’entreprise. L’actionnaire majoritaire, titulaire de 51% des actions, ne peut que « participer » à la recherche d’un repreneur, et son impuissance est patente. Les enjeux financiers le dépassent, comme ils dépassent la province Nord dont il est la filiale d’une filiale.
Le gouvernement Mapou, quant à lui, a réuni une cellule de crise, formée d’un comité de suivi et, prochainement, d’un comité technique. Quelles mesures économiques et financières peut-il décider ? À vrai dire, pas grand chose, tant les finances publiques et les régimes sociaux sont mal en point, et tandis que la trésorerie du territoire l’est tout autant.
En réalité, la majorité du gouvernement et du Congrès omet de mettre en avant la seule initiative qui lui est demandée, et qui lui est possible : la modification du Code minier, et l’ouverture encadrée à l’exportation des gisements actuellement gelés au titre des « réserves métallurgiques ». De quoi renflouer totalement ou partiellement la trésorerie des usines de nickel.
Mais en clair, pour l’instant, la Nouvelle-Calédonie se garde de prendre la seule décision qui relève de sa compétence, et qui constitue une des solutions à la menace de disparition de la filière pyro-métallurgique !
Tel est malheureusement le reflet trop souvent constaté de la gestion du territoire par une classe politique dont certains responsables ne paraissent plus être à la hauteur de la tâche. Encore heureux que dans un passé pas si éloigné, les sirènes de l’émancipation à tout prix n’aient pas conduit les collectivités calédoniennes à s’emparer le la majorité du capital de la SLN …