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    KNS – ET SI AU FINAL, C’ÉTAIT UN REPRENEUR CHINOIS ?

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    Glencore se donne un délai de 6 mois, c’est à dire jusqu’aux environs d’août prochain, pour trouver un éventuel repreneur de ses actions dans KNS. SMSP a indiqué, par la voix de son PDG, que dans les semaines passées, plusieurs contacts avaient été pris, des contacts dont l’identité sont couverts par le sceau de la confidentialité. La tâche ne sera pas facile, bien sûr. Cela paraît même relever de la mission impossible. Une dette abyssale, dont peut être une partie pourrait être abandonnée par Glencore. Des fonds propres dans le rouge profond. Une usine qui n’arrive pas à atteindre sa production nominale. Des coûts d’exploitation hors compétition. Un marché peu porteur. Bref, des perspectives peu engageantes pour un investisseur dont les actionnaires attendent évidemment le produit de dividendes, et donc des bénéfices.

    D’un autre côté, la France s’est engagée pour tracer un avenir à la filière nickel. Des investissements très importants aboutissant à la production d’une énergie compétitive. Un marché français et européens ouverts aux produits pouvant être utilisés pour la fabrication de batterie, et la Nouvelle-Calédonie pouvant répondre à 85% des besoins de cet immense marché.

    On peut imaginer qu’au total, un groupe du bloc occidental pourrait être intéressé, dans des conditions à négocier avec le géant suisse. On peut aussi imaginer qu’aucun groupe industriel ne serait intéressé dans la période des 6 mois, sauf un consortium chinois. Hypothèse d’école, mais qui fait déjà couler beaucoup de salive. Cette hypothèse est-elle envisageable ? Si c’était le cas, serait-elle souhaitable ? Et enfin, serait-elle dommageable pour la Nouvelle-Calédonie et pour la France du point de vue économique et géopolitique ?

    L’hypothèse d’un repreneur chinois est-elle envisageable ? Il s’agirait d’une prise de participation minoritaire dans une entreprise de droit français. Le nickel n’est plus classé parmi les métaux stratégiques comme ce fut le cas dans le cadre des Lois Billote de 1969. Il fait en revanche partie de la liste des substances critiques dans le Règlement européen sur les matières premières critiques. Or, il convient de distinguer la composition du capital d’une société française, et l’origine d’une production industrielle inscrite dans la liste des substances critiques. KNS, avec une participation à hauteur de 49% de capitaux chinois, demeurerait une société française. Quant au produit, il resterait issu d’une usine française, installé sur la sol français, alimenté par du minerai français. Rien d’incompatible pour l’approvisionnement d’une unité industrielle française ou européenne.

    Interviewé par Le Figaro, Luca de Meo, le patron de Renault, s’exprimant sur la filière électrique automobile en France et en Europe et évoquant les constructeurs chinois, vient de déclarer : « Je pense qu’il faut nouer des deals avec ces acteurs chinois, comme nous l’avons fait avec Geely et Envision pour les batteries, et se demander ce que la Chine peut apporter à l’Europe dans la décarbonation du transport ».

    D’ailleurs on peut citer deux exemples actuels. Le 12 mai dernier, c’est le président de la République lui-même qui s’est félicité de la réalisation d’un investissement de près de 200 milliards FCFP à Dunkerque, avec à la clé la création de 1.700 emplois. Un investissement de la société française Orano, en partenariat avec la société chinoise XTC, pour la construction de batteries lithium. Autre exemple : le constructeur chinois d’automobiles électriques BYD avait été courtisé par la France pour y construire une usine de production dans l’hexagone, avant finalement de porter son choix sur la Hongrie en décembre 2023.

    Si c’était le cas, la reprise des 49% de Glencore serait-elle souhaitable ?

    Pour y répondre, il est intéressant de se poser la question résultant de l’anecdote suivante.

    Un malade, souffrant d’une maladie incurable, est entouré de médecins français, américains, australiens et néo-zélandais qui tentent de lui expliquer calmement que sa mort surviendra au mieux la semaine suivante. À ce moment là, la porte s’ouvre, et un groupe de médecins chinois entre dans la chambre, et expliquent au malade qu’il pourrait recevoir l’administration d’un nouveau médicament chinois lui sauvant la vie, dans un premier temps, et le guérissant, dans un second.

    Que choisit le malade ?…

    Dernière problématique : cette prise de participation serait-elle dommageable pour la Nouvelle-Calédonie et pour la France du point de vue économique et géopolitique ?

    Du point de vue économique, l’usine métallurgique serait une usine française, tout comme sa production. 49% des actions ne représentant ni la majorité du capital, ni a fortiori, une prise de contrôle.

    En ce qui concerne les enjeux géopolitiques, deux considérations sont à prendre en compte.

    La France et le bloc occidental ne sont pas en guerre contre la Chine ! On assiste, notamment dans le Pacifique, à une lutte d’influence. Celle-ci est fondamentalement différente dans des alliances avec des gouvernements de petits États indépendants, fragiles du point de vue économique, comparée avec une prise de participation dans une usine installée sur le sol national français. C’est le cas de l’usine de batterie à Dunkerque.

    Par ailleurs, tout près de chez nous, l’accord de libre-échange (ALE) amélioré entre la Nouvelle-Zélande et la Chine est entré en vigueur le 7 avril 2022. Pour les parties, « Cela permettra aux deux pays d’approfondir le commerce et les investissements bilatéraux et de consolider la coopération dans les chaînes industrielles et d’approvisionnement« .

    L’Australie, quant à elle, exporte du mouton, de l’agneau, du boeuf ou encore de l’orge vers la Chine. Et aussi, du charbon et du nickel. En visite à Pékin le 6 novembre dernier, le Premier ministre australien déclarait : « La Chine est notre partenaire commercial le plus important. Elle représente plus de 25 % de nos exportations et un emploi sur quatre dépend de notre commerce avec elle ».

    La Nouvelle-Calédonie est une terre de la République, comme l’a décidé une majorité de Calédoniens consultés par trois fois. Dans ce contexte, pourquoi, si son offre était la seule sur la table, faudrait-il refuser un investissement minoritaire, alors que la France, comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande, commercent librement avec l’empire du Milieu ?

    La réponse appartiendrait alors, non seulement au bon sens, mais également aux trois mille salariés, travailleurs et chefs d’entreprise directement concernés sur les sites de Vavouto et de VKP. Ainsi, accessoirement, qu’aux règles de l’Organisation Mondiale du Commerce.

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