L’Accord de Nouméa en avait fait un objectif dans son préambule. Le vivre ensemble devait s’accomplir avec un ferment, celui d’une citoyenneté locale. Ainsi, il est écrit dans, à propos de la citoyenneté de la Nouvelle-Calédonie, qu’elle doit permettre « au peuple d’origine de constituer avec les hommes et les femmes qui y vivent une communauté humaine affirmant son destin commun ». Ce préambule, considéré comme la « Bible » de l’Accord de Nouméa, rappelait également : « Les accords de Matignon signés en juin 1988 ont manifesté la volonté des habitants de Nouvelle-Calédonie de tourner la page de la violence et du mépris pour écrire ensemble des pages de paix, de solidarité et de prospérité ».
LA TRANSFORMATION DU VIVRE ENSEMBLE DANS LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LE MONDE POLITIQUE
Peu à peu, dans un long processus de trente années, les deux principaux groupes sociaux de Nouvelle-Calédonie, les Kanak et les Calédoniens, se sont rapprochés. Unions mixtes, couples mixtes dans les lycées, compagnonnage dans les entreprises, solidarité dans les syndicats. Pourtant, c’est dans le monde politique que la césure s’est opérée.
Dans les années 50 et 60, l’Union Calédonienne était le symbole de ce vivre ensemble dans les institutions, appliquant dans les faits sa jolie devise « Deux couleurs, un seul peuple ». En 1967, le parti de Roch Pidjot et de Maurice Lenormand disposait de la majorité absolue à l’Assemblée Territoriale, présidée par Armand Ohlen. Dans ces rangs siègeaient des personnalités kanak de la Grande Terre et des Iles, comme Yann Celene Uregei, Gabriel Païta, Paul Napoarea, Theophile Wakolo Pouyé ou Roch Pidjot, tout comme des représentants de toutes les classes sociales calédoniennes, de Jean Lèques à Paul Griscelli (le plus jeune agrégé de grammaire de France), en passant par des syndicalistes comme Evenor de Greslan, Jean-Pierre Aïfa et Roland Caron.
Puis est venu le temps de la racialisation du discours politique, et de la composition des