Dans une déclaration solennelle hier soir, Sonia Backes a exprimé d’abord ses pensées pour toutes les victimes des émeutes, et pour celles et ceux qui souffrent des exactions, des pertes d’emplois, de la destruction des outils de travail ou d’isolement comme à Mont Dore sud. Elle a également rendu hommage aux « héros invisibles » que sont les personnels de santé, aux forces de sécurité intérieure, à celles et ceux qui protègent bénévolement les quartiers, et à tous les agents de la province qui permettent à celle-ci de « rester debout ».
UN ÉTAT DES LIEUX SANS LANGUE DE BOIS
La cheffe de file des Loyalistes est ensuite revenue sur l’histoire récente de la Nouvelle-Calédonie, apportant un jugement critique sur l’Accord de Nouméa et ses ambiguités. Elle a interrogé sur deux échecs : celui du rééquilibrage, et sur l’échec de l’espoir du vivre ensemble. Constatant que deux civilisations existent sur le territoire, elle estime qu’elles ne font que se côtoyer, et qu’elles expriment des antagonismes indépassables.
Évoquant la reconstruction du pays, elle appelle l’État à restaurer d’abord la sécurité, et attend que la Justice passe. Un soutien massif de l’État sera nécessaire juge-t-elle. Et le territoire, pour sa part, devra conduire des réformes profondes.
« Mais notre plus grosse perte est l’espoir du vivre ensemble ». Pour Sonia Backes, les excès des émeutes ont démontré qu’une partie de la population ne veut pas du vivre ensemble. Pour elle, les Calédoniens ne peuvent plus se laisser bercer par un rêve de destin commun.
S’adressant aux Calédoniens d’origine wallisienne et futunienne, elle déclare que le discours d’océanité n’est qu’un leurre. En cas d’indépendance, leur dit-elle, vous seriez sur la liste des « rentre chez toi ».
PAS D’INDÉPENDANCE POSSIBLE SANS LE RESPECT DES RÈGLES
S’agissant des 10.000 voix d’avance constatées à l’issue des élections législatives, elle s’interroge sur la crédibilité de ce chiffre basé sur des scores qui posent question, en raison des pressions exercées partout. Mais les élections législatives ne sont pas un référendum, rappelle-t-elle. Les trois référendums sont passés, et aucun autre n’est prévu. Quant à l’accession à l’indépendance, elle ne peut survenir de facto. Il existe des règles constitutionnelles, présidentielles et parlementaires que personne ne peut outrepasser.
L’AUTONOMISATION DES PROVINCES
« Nous devons trouver un accord de paix », comme ce fut le cas lors des Accords de Matignon, plaide-t-elle, en traçant les évolutions institutionnelles qu’elle entrevoit. Les provinces sont profondément divisées entre indépendantistes dans le Nord et aux Iles, et non indépendantistes en province Sud. Aucun des camps n’a réussi à convaincre l’autre. Pour elle, la solution passe donc par « l’autonomisation des provinces » qui seraient alors compétentes en matière fiscale, sans remettre en cause l’unité du territoire qu’il conviendrait de doter d’un drapeau commun.
UN NOUVEAU CONTRAT SOCIAL ET UN RETOUR AU DIALOGUE
Dans cette perspective, Sonia Backes propose un nouveau contrat social en province Sud, fondé sur trois valeurs : l’ordre, le mérite avec notamment la mise en relief du travail, et le progrès, basé sur un universalisme bienveillant, une école renforcée, et une ouverture sur le monde appuyant la diversification économique.
Pour atteindre ces objectifs, elle appelle tous les non-indépendantistes à s’unir et à se réunir dans les semaines à venir. Enfin, de manière solennelle, elle appelle les indépendantistes à venir à la table des négociations dans lesquelles pourraient être débattus tous les sujets de l’avenir. Y compris la question du corps électoral.