Pendant des décennies, la Nouvelle-Calédonie s’était tenue à l’écart des petits États du Pacifique. Seules comptaient les relations avec les autres territoires français, la Polynésie Française, Wallis et Futuna pour des raisons évidentes, et celles entretenus avec le Vanuatu, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Au Vanuatu s’étaient installés des Français du temps du condominium des Nouvelles-Hébrides, dont beaucoup, à partir de la Nouvelle-Calédonie. Par ailleurs, nombre de clans des Iles, notamment, possèdent des liens anciens avec ceux de l’archipel voisin. Le peuplement de l’arc dit « mélanésien », venu du nord du Pacifique, s’est effectué via ces iles proches. D’Australie étaient venu les premiers visiteurs et commerçants. Les santaliers, James Paddon, avec la création de liens de sangs par de nombreux métissages. Puis sont venu les premiers colons libres, en particulier à Païta. Au fil des ans, des liens commerciaux ont été développés avec ce grand pays ainsi qu’avec la Nouvelle-Zélande. La défense du territoire contre le risque d’invasion japonaise lors de la seconde guerre mondiale a fait le reste.
Lors des événements de 1984, la France et les Calédoniens non-indépendantistes se sont rendus compte du poids politique que pouvait représenter l’environnement régional, dans son sens le plus vaste. C’est en effet, dans cet environnement, que le FLNKS est allé puiser ses soutiens, et en particulier, dans l’enceinte des Nations Unies. Au sortir de ces événements, l’organisation régionale du Forum a pris de l’importance, aussi bien pour Paris que pour Nouméa. Ainsi, vers la fin des années 80, un premier contact fut établi à Fidji où se retrouvèrent deux délégations, celle des non-indépendantistes conduite par Dick Ukeiwe, et celle des indépendantistes menée par Jean-Marie Tjibaou. Pour la petite histoire, tous les Calédoniens regagnèrent Nouméa par le premier vol de démonstration d’un ATR dans la zone.
Depuis, la Nouvelle-Calédonie, admise comme observateur au Forum des Iles du Pacifique, n’a eu de cesse que de vouloir intégrer le « Pif » en qualité de membre à part entière. C’est aujourd’hui chose faite. Les Accords de Matignon puis de Nouméa ont consacré la volonté d’intégration du territoire à la région, une intégration encouragée par Paris qui avait conféré à la Nouvelle-Calédonie une autonomie encore plus grande que celle des Iles Cook, pourtant État associé à la Nouvelle-Zélande.
Peu à peu, cette nouvelle attitude a réduit le soutien apporté à une radicalité indépendantiste, la France apparaissant comme un élément puissant de stabilité et de sécurité de la région, en même temps qu’une puissance européenne levier de développement et de lutte contre le changement climatique.
Depuis, des éléments perturbateurs de «l’ordre établi» ont pris pied dans la région. La Chine cherche à y développer son réseau d’influence, combattu par le clan occidental. Plus récemment l’Azerbaïdjan est intervenue contre les intérêts de la France
