En 1980, elle installe son cabinet d’orthophoniste à la Rivère Salée et intervient également au Camp Est pendant 5 ans dans le cadre de la lutte contre l’illettrisme. À l’issue de plus de 40 ans d’exercice professionnel, cette ancienne championne de tennis rêvait de créer une méthode facile d’apprentissage de la lecture pour tous les enfants de Nouvelle-Calédonie, en partage avec leurs parents, et s’appuyant sur le vocabulaire du “français de Nouvelle-Calédonie”. Cet ouvrage remarquable, qui devrait inspirer les enseignants du primaire, est notamment distribué à Calédolivres.
Qui êtes-vous ?
Je m’appelle Evelyne Winter-Bousquet. Je suis orthophoniste depuis une quarantaine d’années dans un quartier du Grand Nouméa, et mon ouvrage est une méthode de lecture pour tous les enfants Calédoniens. Alors, vous allez me dire pourquoi cette méthode ? Hé bien, je me suis aperçue, au fil des années professionnelles, que beaucoup, beaucoup d’enfants Calédoniens, notamment océaniens, connaissaient des difficultés scolaires, et, en général, dûes à un apprentissage de la lecture défectueux. Or, mesurez bien qu’une telle lacune, qui malheureusement est en croissance, est un pas décisif vers l’échec scolaire !
Qu’y a-t-il dans cette méthode ?
Elle possède trois points essentiels. Premièrement, c’est une méthode facile franchement facile, c’est une méthode phonétique. En deuxième lieu, c’est une méthode de partage avec l’adulte, qu’il s’agisse d’un éducateur, d’un enseignant ou d’un parent. Enfin, troisième point fort, c’est une méthode pour nos enfants ; elle a été spécialement conçue pour nos enfants calédoniens.
Il faut d’abord apprendre l’alphabet ?
Surtout pas ! Dès le début du livre, je fais une lettre aux parents en leur expliquant deux choses essentielles :
– apprendre à lire est une fête !
– et deuxième chose importante, n’apprenez pas l’alphabet à vos enfants avant le Cours Préparatoire. Ça ne sert à rien ! Au contraire, ça va perturber l’apprentissage de l’instituteur ou de l’institutrice première.
En quoi consiste votre méthode ?
La première partie de ce livre n’est consacrée qu’aux syllabes simples. L’enfant ne va jamais deviner un seul mot ; chaque mot est étudié scrupuleusement afin que l’enfant puisse le déchiffrer de façon mécanique. Cela est un point très important.
Vous allez me dire : il y a des mots indispensables dans la langue française que l’enfant ne peux pas lire, comme “avec”, “qui”, etc… dès le début ! Bien sûr ! D’où l’utilité du partage. L’adulte doit partager c’est-à-dire que tous les mots entourés seront lus par l’adulte. Ça, c’est un point sur lequel j’aimerais insister : le partage est très important parce que quand il y a partage, il y a un plaisir. Et si il y a plaisir, forcément, c’est déjà une étape vers la réussite scolaire.
Vous utilisez des mots du vocabulaire calédonien ?
Oui, et c’est un autre point fort : j’ai dit que cette méthode était adaptée à nos enfants calédoniens parce que dès que la chronologie le permettait, j’ai utilisé des mots du vocabulaire calédonien que l’enfant affectionne, qu’il connaît, qu’il côtoie tous les jours, comme “la loche”, “le bois de fer”, “les tamarins”, “le coup de chasse”, “le Phare Amédée”, “la case”, “les niaoulis” etc … Mais tout ceci est scrupuleusement étudié, chaque mot est scrupuleusement étudié.
Pour les syllabes complexes ?
Vous verrez que la deuxième partie de ce livre est consacrée aux syllabes complexes. La syllabe complexe, c’est la syllabe que l’on va former avec deux sons ce qu’on appelle les liquides de phonèmes. Par exemple, le “reu” quon va associer à une syllabe simple.
Dans ce livre, il y a un certain nombre d’exercices de compréhension, c’est-à-dire qu’on va poser beaucoup de questions à l’enfant dès qu’il y a un petit texte. Ceci pour être sûr que le message est compris, et parce que la plupart des enfants s’attachent en général au détail et non pas à l’essentiel. C’est donc aussi une étape importante. Beaucoup d’exercices proposés, de pré-dyslexie, sont des mots qui se ressemblent, des mots qu’il ne faut pas confondre etc …
Et puis ?
La fin de ce livre est consacrée à tous les sons très difficiles, comme les sons ‘ieu”, ‘ian”, ouin” etc … Et ce n’est seulement qu’à la fin que je propose l’alphabet. Quant au tout dernier texte, je l’ai conçu comme le miroir du Vivre-Ensemble. Pourquoi ? Parce que dans ce livre,
vous verrez tous les beaux visages de nos enfants Calédoniens, que ce soit Pétélo, Rémi, Aglaé, Titou etc … ce sont tous les beaux visages de nos enfants et c’est vraiment le reflet de notre beau pays est du vivre-ensemble.
Un petit mot pour la fin …
Je souhaite à tous nos enfants de s’approprier ce livre avec leurs parents et d’en faire une belle aventure, sous forme de fête et de plaisir. J’ai moi-même éprouvé énormément de plaisir à réaliser ce livre et je souhaite, à toutes celles et ceux qui l’utiliseront, un beau parcours de découverte de la lecture avec lui.