Ce déplacement de deux des principales personnalités de l’État sur le territoire est terminé. Dans la situation de ruine de la Nouvelle-Calédonie, de détresses individuelles ou collectives des familles et des acteurs économiques, leur visite conjointe, -un événement sans précédent-, ne s’est pas soldée par des annonces fracassantes. Tel n’était d’ailleurs pas l’objectif de leur mission. Ceci étant, quel bilan en tirer ?
Une contribution à l’apaisement
Incontestablement, les deux personnalités, l’une issue de la droite, et la seconde, de la gauche, ont délibérément affiché une attitude d’écoute, de considération, et d’humilité à l’égard de toutes les parties. Pas d’avancées particulières dans la résolution des difficultés calédoniennes, mais une contribution à conforter un apaisement. Mieux, peut-être, en affirmant leur solidarité avec la Nouvelle-Calédonie et même leur affection, tout en condamnant fermement toute forme de violence, ils ont apporté un supplément de confiance dans ce climat d’incertitude et de détresse.
Deux poids lourds au Parlement, maître du jeu
Second personnage de l’État, le président du Sénat est un poids lourd de cette Chambre. Yaël Braun-Pivet, ancienne et éphémère ministre des Outre-mer, a démontré, dans son opération de conquête du perchoir de l’Assemblée Nationale, qu’elle était une personnalité avec laquelle il faut compter. Après la dissolution de l’Assemblée, et en l’absence d’une forte majorité, la France est retombée dans un quasi-régime parlementaire. Dans ce retour à la domination des partis, avoir le soutien des deux présidents est un élément essentiel pour le territoire.
Les discours et les solutions évoquées n’ont rien de particulièrement nouveau
Ceci étant, affirmer que la construction d’un destin commun est nécessaire est une redite. Prôner le vivre-ensemble est une forme d’incantation en place depuis 1988. Reconnaître les résultats des trois référendums est le moins que puissent indiquer les présidents du Parlement de la République. Il en de même de la condamnation de la violence. Pour ce qui est de la « souveraineté partagée », il convient de se reporter au préambule de l’Accord de Nouméa, point 5 : Le partage des compétences entre l’Etat et la Nouvelle-Calédonie signifiera la souveraineté partagée.
Enfin, pour ce qui est de la « conjugaison de deux rêves », celui de l’indépendance pour les uns, celui du maintien dans la France pour les autres, c’est l’objectif constant des Accords de Matignon et de Nouméa.
Mais peut-être une méthode différente, fondée sur l’affirmation permanente du respect, la constance de la bienveillance, une explication plus approfondie des conséquences et telle ou telle solution. Ceci étant, beaucoup l’ont déjà essayée, y compris Gérald Darmanin dont en oublie l’extraordinaire disponibilité, et le nombre impressionnant de venues sur le territoire. En vain, devant les volte-faces, la procrastination, et les refus de discussion. Un peu facile, après-coup, d’accuser le gouvernement précédent d’avoir voulu « passer en force ». Ce que se sont gardés de faire les deux missionnaires.
En tout cas, ce déplacement aura contribué à mieux faire connaître la réalité calédonienne. Jusqu’à présent, trop de pseudo-spécialistes, genre Alain Bauer, présentaient une image tronquée ou déformée de la Nouvelle-Calédonie. Certains, d’ailleurs, n’y ont jamais mis les pieds ! Les témoignages du président du Sénat et de la présidente de l’Assemblée Nationale sont d’une toute autre valeur en matière de crédibilité et de vérité. Des atouts qui vont compter, pour le traitement du dossier calédonien, à tous les niveaux. Et par lesquels, on peut considérer que la mission des deux présidents sera largement bénéfique pour les Calédoniens.