MINERAI DE NICKEL : UNE TERRE SANS VALEUR EN L’ABSENCE DE COMMERCIALISATION
En l’absence de toute commercialisation, le nickel n’est que de la terre ! Qui plus est, sans grande valeur agricole. Si la Grande Terre était restée à l’écart du monde, isolée, préservée, intacte de toute colonisation, elle serait riche de nickel et de chrome, non exploités, des terres aux vertus colorantes, mais alors, sans valeur.
Or, il se trouve que tel n’est pas le cas. Le nickel -il ne reste que lui- fait l’objet d’une valorisation. Et il est advenu également que les populations de Nouvelle-Calédonie ne sont pas isolées. Elles sont de plain-pied dans la société moderne et de consommation. Elles ont besoin que leurs enfants soient éduqués, que leur santé soit préservée, qu’un pouvoir d’achat leur permette d’acquérir ce dont elles ont besoin pour se nourrir, se loger, se vêtir, ou encore se déplacer.
Ces populations ont donc besoin de travailler, de gagner un salaire, de disposer d’un revenu, à la fois pour leurs besoins propres, et pour participer à la vie collective, aux dépenses communes au profit de la société dans laquelle elles vivent.
DEUX INTERVENANTS MAJEURS
Dans cette description sommaire, et pour répondre aux besoins des dites populations, deux intervenants sont majeurs. Il y a, d’un côté, la collectivité calédonienne dans son ensemble, qui a construit son propre système budgétaire, économique et social. De l’autre côté, la France, qui intervient en y injectant des interventions et des financements qui relèvent de sa responsabilité, dans un ensemble collectif défini par les institutions.
LE SOCLE DE L’ÉCONOMIE
Aujourd’hui, le socle de la production calédonienne, est constitué d’exploitations minières et d’usines métallurgiques. Il est, en réalité, le fondement de l’économie locale, orientée par la bonne ou la mauvaise santé du nickel, une économie laquelle, toute entière, alimente les ressources publiques. Au temps jadis, les « mines » faisaient la prospérité des villages proches des « centres », et la SLN faisait la prospérité de l’ensemble du territoire.
Ainsi, avant la quasi faillite de cette entreprise métallurgique en 1975, sauvée -déjà- grâce à l’intervention de l’État via Elf Aquitaine, l’essentiel des ressources territoriales provenait de la taxation des produits miniers et métallurgiques.
DIVERSIFICATION INCANTATION À L’EXCEPTION DU TOURISME DANS LES ANNÉES 90
Depuis, « la diversification de l’économie » est demeurée une sorte d’incantation récurrente, seulement entreprise pendant une quinzaine d’année grâce au développement d’une industrie du tourisme durant les années 1990. Si quelques secteurs ont émergé, comme le numérique, des productions locales ou celle d’énergie renouvelable, la mine et la métallurgie restent la jambe industrielle unique grâce à laquelle la Nouvelle-Calédonie peut espérer encore se tenir debout.
Or, cette jambe est atteinte de gangrène.
L’IMPÉRATIF DE LA RENTABILITÉ
Les usines encore valides ne le sont que par la grâce de l’État. Sans lui, elles auraient subi le sort de KNS. Mais aucune d’entre elles ne se maintiendra en l’absence de rentabilité. L’État ne va pas continuer à injecter des sommes colossales dans un trou financier sans fond. Et la concurrence féroce, notamment de l’Indonésie ne va pas faiblir, comme par enchantement.
Pays de production trop coûteuse, la Nouvelle-Calédonie est en sursis. Les industriels, le président de la République, Bercy, l’ont clamé haut et fort : sans la réduction du prix de l’électricité d’au moins de moitié, le nickel calédonien disparaîtra du marché. Emmanuel Macron a fait plus : il a ouvert des perspectives pour l’approvisionnement de l’Europe, immense marché de 450 millions de consommateurs.
RIEN DE POSSIBLE SANS L’ASSISTANCE DE LA FRANCE
Les efforts des entreprises calédoniennes en productivité ne seront jamais suffisants. Ils devront être accompagnés d’une baisse drastique du coût de l’énergie. Et bénéficier d’un verdissement de cette dernière. Avec quels moyens mener ce gigantesque changement ? Ceux de la France.
Certains pourraient penser à la Chine. Mais celle-ci, parfaitement implantée en Indonésie, y disposant de gisements colossaux, de conditions de rentabilité idéales, est déjà occupée. Tout au plus, le minerai calédonien continue à susciter l’intérêt des métallurgistes, compte tenu de sa qualité, et des efforts de prix des exportateurs.
Mais pour les milliers d’emplois générés par les usines, auxquels s’ajoute l’énorme effet d’entraînement de toute l’économie calédonienne, la métallurgie reste le socle et la chance de ce territoire.
Aujourd’hui, bien sûr, l’heure est à la reconstruction, au rétablissement des comptes, et au retour à la paix. Mais ce n’est pas mettre la charrue avant les bœufs que d’anticiper l’avenir économique de la Calédonie au travers de ce qui a fait, et qui pourrait encore faire sa bonne fortune.
Mettre toute la Nouvelle-Calédonie à l’ère de l’énergie renouvelable, et rendre la métallurgie du nickel compétitive le plus rapidement possible, ce n’est pas une option. C’est une nécessité.