Les chiffres de dépenses et de demandes d’aides à la métropole, cités depuis l’insurrection du 13 mai, concernent la situation budgétaire, financière, économique et sociale de notre territoire. C’est bien naturel. La Nouvelle-Calédonie se trouve dans l’impossibilité d’exercer ses compétences par manque de moyens financiers. Or elles sont essentielles à la vie quotidienne des Calédoniens. La couverture des régimes de chômage, du régime de santé, des régimes de retraite, le financement des collectivités, la production normale d’électricité font partie des domaines qui incombent à la Calédonie.
Les demandes faites à Paris, en ce sens, sont gigantesques, si l’on considère que sa population est inférieure à celle d’une ville comme Nantes. Or, il ne faut pas se leurrer. Elles sont importantes, au regard de la situation budgétaire de la nation, confrontée à la fois aux effets d’une dette abyssale, à l’absence de vote de la loi de finances 2025, et à une instabilité de l’Assemblée Nationale sans précédent dans la cinquième République.
Il est cependant un domaine où l’affichage des coûts est absent. Cela paraît naturel, compte tenu du fait que l’État exerce les compétences régaliennes. Et comme souvent en ce qui concerne des dépenses qui semblent couler de source, un sentiment d’argent magique prévaut. Il en est ainsi de l’intervention massive des forces de l’ordre au lendemain du 13 mai.
Du point de vue des effectifs, ce sont pratiquement 5.000 personnels qui ont été projetés à 22.000 kilomètres de leurs bases, chiffre auquel il faut ajouter les relèves régulières. Des personnels qu’il faut transporter, loger, nourrir, à qui reviennent des primes prévues. À l’appui de ces interventions humaines, du matériel lourd a été acheminé avec plusieurs rotations d’un avion géant capable de transporter des blindés ou des hélicoptères. Il faut également noter que la dotation en Centaures est exceptionnelle. Matériel de nouvelle génération dont la mise au point et la fabrication sont tout à fait récentes, la Nouvelle-Calédonie dispose de près de 20% de la dotation nationale, au moins pendant la durée requise pour le rétablissement et le maintien de l’ordre.
Ces dépenses relèvent essentiellement des ministères de l’Intérieur et de la Défense. Les personnels et les matériels mobilisés sont en effet issus de la gendarmerie, de la Police Nationale, et des armées de terre, de l’air et de l’espace. Il faut y ajouter les interventions des sapeurs-pompiers projetés en renfort de la Sécurité Civile et des pompiers locaux.
La chaîne de transport, elle, a conduit à la mise en place d’un véritable pont aérien, préparé, cadencé, mobilisant également des personnels sur les opérations concernant la Nouvelle-Calédonie.
Ces chiffres ne sont pas, pour l’instant, publiés. Ils relèvent de la cuisine interne des ministères concernés, et ne seront pas soulignés, ni en séance du Congrès, ni au cours des missions à Paris, ni pendant les débats au Parlement. Pour les Calédoniens, ils font partie des dépenses « normales » de l’État. Une « boulette » de milliards …