Il était l’un des favoris. On disait de lui qu’il s’y préparait depuis longtemps. Lors de la première candidature d’Emmanuel Macron, sa prise de position en faveur de l’actuel président de la République avait été déterminante. De retour de Pologne, le chef de l’État l’avait reçu pendant 1h45, puis une rumeur avait fuité, indiquant que cet entretien s’était mal passé. Finalement, aux alentours de 23h, heure de Nouméa, la fumée blanche est montée vers le ciel : François Bayrou est le quatrième Premier ministre de 2024. C’est l’actualité majeure de cette nuit, y compris pour nous, en Calédonie.
Désormais, il faut attendre la formation du gouvernement et la déclaration de politique générale pour mieux supputer les chances de durée de cette nouvelle phase. Les premiers mots du chef de l’Exécutif français aux médias ont été de rappeler ceux de François Mitterrand, lorsqu’on est venu lui annoncer sa victoire en 1981 : « Enfin … les ennuis commencent ! »
DEUX QUESTIONS ESSENTIELLES DONT CELLE DE LA NOUVELLE CALÉDONIE
Deux questions viennent immédiatement à l’esprit.
La première concerne l’engagement du Parti Socialiste de non-censure. Le mouvement d’Olivier Faure avait déclaré ne pas être favorable à la nomination de François Bayrou, considérant qu’il s’agissait de la garantie d’une continuité de la politique économique macroniste. Toutefois, il avait indiqué qu’il ne voterait pas la censure si le nouveau gouvernement conduisait des réformes allant dans le sens souhaité par la gauche. Combien de temps pourrait donc durer le « sursis » ?
Accessoirement, -mais ça ne l’est pas-, François Bayrou a toujours été respectueux de Marine le Pen. Opposé au Rassemblement National, mais respectueux. La cheffe du groupe de droite lui en sait gré. Mais cet a priori ne vaut évidemment pas engagement. Par ailleurs, le patron du Modem a toujours été favorable à la proportionnelle pour les législatives. Il s’agit d’une requête constante de Marine le Pen.
La seconde question nous concerne. Elle est relative à la perception du nouveau chef du gouvernement sur la question calédonienne. Quelle est son historique par rapport aux Outre-mer ?
DÉSACCORD AVEC MACRON SUR « LA COLONISATION, CRIME CONTRE L’HUMANITÉ
Face aux propos d’Emmanuel Macron relatifs à sa qualification de la colonisation française comme « crime contre l’humanité », lors des présidentielles de 2017, François Bayrou avait clairement marqué son désaccord. « Phrase blessante pour beaucoup de Français, et qui ne correspond pas à la vérité historique« , avait alors déclaré le président du Modem, ajoutant que « Ce qu’a été cet épisode de la présence de la France en Algérie et en Afrique ne correspond absolument pas à ça« . En même temps, il avait reconnu « les souffrances qui ont été causées par ce mouvement-là dans tous les sens et dans tous les camps« .
Par la suite, il avait plusieurs fois fait connaître ses sentiments sur l’Outre-mer, estimant que son avenir « ce n’est pas l’assistance, c’est le développement, c’est la force de mettre en place un tissu productif » tout en valorisant les vertus de la concurrence et du travail.
ET LA NOUVELLE-CALÉDONIE ?
En 1988, il avait salué la signature des Accords de Matignon et déclaré qu’il voterait « oui » au référendum national auquel ils avaient été soumis.
À la mi-2000, lorsque le gel du corps électoral avait été évoqué, il avait montré sa réticence à oublier que « les accords de 1989 puis de 1998 ont permis à la Nouvelle-Calédonie de sortir d’une situation dramatique ». En 2005, après une visite en Polynésie française où il soutenait les autonomistes, il avait effectué un bref séjour sur le Caillou.
Il y avait notamment donné une interview au Nouvelles Calédoniennes, et l’on peut relever les points suivants du responsable d’alors de l’UDF.
À propos de l’impartialité de l’État : « En Guadeloupe, en Polynésie, en Nouvelle-Calédonie, j’ai toujours dit la même chose et je continuerai à le faire. Si l’Etat est impartial, il rassemble et donne confiance. Je pense que le XXe siècle aurait dû nous apprendre ça ».
À propos de la défiscalisation : « Ceux qui parlent de la remettre en cause ne le feront pas car un rapport récent a prouvé de manière unanime qu’elle constituait un vrai moteur pour le développement de l’outre-mer. Il y a peut-être des ajustements et des réglages à faire mais il me semble que, placés devant la réalité, la plupart des décideurs politiques s’accorderont pour ne pas remettre en cause ce qui a eu des effets aussi positifs sur le développement de l’outre-mer ».
À propos du gel du corps électoral : « Je vais dire les choses en pesant mes mots. C’est un dossier dangereux. Je rappelle qu’à l’époque, l’une des rares personnalités locales qui aient dit « attention, il risque d’y avoir dans cette affaire une mine », c’est Didier Leroux. Mais il y a eu un accord. Et moi je veux mettre en garde contre la remise en cause des accords ».
À propos de Raymond Barre et Michel Rocard : « (…) je pense que Barre et Rocard auraient dû travailler ensemble car ils avaient en fait le même projet. Mais ceci appartient à un temps qui n’est plus d’actualité. Mais surtout, les Français ont eu sous les yeux des décennies d’échec de l’approche partisane et clanique ». Cela donne quelques indications sur sa conception, et sur sa vision de l’approche d’un accord à conclure, et de la politique économique et budgétaire.
UN PROCHE, DIDIER LEROUX
Depuis son engagement dans sa vie politique, le chef d’entreprise et industriel calédonien, longtemps élu territorial, membre du gouvernement dirigé par Marie-Noelle Thémereau, puis soutien de Sonia Backes, a toujours été proche du patron du Modem auquel il appartenait. Aujourd’hui retiré de la vie politique, rien, évidemment, ne lui interdit de parler à l’oreille du Premier ministre.
METEO
Ce matin :
Le temps reste généralement lourd et instable. Sur le Sud-Est et aux Loyauté, des averses parfois modérées, voire orageuses en tout début de matinée, sont toujours possibles. Sur l’Ouest, le ciel est moins chargé et le temps plus sec. L’Ouest reste soumis à un régime de brises faibles. Ailleurs, le vent de secteur Nord-Est souffle généralement entre 5 et 10 noeuds, localement sur les pointes Nord et Sud ainsi qu’à l’Ile des Pins et Maré, entre 10 et 15 noeuds.
Ce après-midi :
En cours d’après-midi, les développements nuageux sur les sommets peuvent donner des averses orageuses qui impactent ensuite les versants ouest de la Grande Terre. L’Ouest reste soumis à un régime de brises faibles. Ailleurs, le vent de secteur Nord-Est souffle généralement entre 5 et 10 noeuds, localement sur les pointes Nord et Sud ainsi qu’à l’Ile des Pins et Maré, entre 10 et 15 noeuds. Les températures sont stables ou en légère augmentation, largement au-dessus des valeurs normales. Elles atteignent les 32 à 34 degrés sur l’Ouest.
Aperçu pour dimanche et lundi :
Dimanche, la couverture nuageuse est important avec des averses qui intéressent la côte Est, l’extrême Nord et les Loyauté en début de journée. Au fil des heures, les nuages qui se forment sur la chaîne finissent par déborder vers l’Ouest et l’extrême Nord en donnant des averses isolées. Vent de secteur Nord-Est dominant. Généralement proche de 10 noeuds, il atteint localement les 15 noeuds aux pointes de la Grande Terre. L’Ouest est le plus souvent déventé. Les températures maximales sont supérieures aux normales.
Lundi, sous un ciel nuageux des averses résiduelles persistent au lever du jour sur la pointe Nord. Des ondées circulent aux Loyauté et sur la façade Est en matinée, puis les averses qui se developpent sur les reliefs débordent sur l’Ouest l’après-midi. Le vent de secteur Nord-Est oscille entre 5 et 10 noeuds et dépasse localement les 10 noeuds aux pointes Nord et Sud de la Grande Terre. Les températures restent élevées mais baissent légèrement sur l’extrême Sud et Maré.
Tendance pour la période de mardi à vendredi :
Le temps humide et instable se maintient sur l’ensemble du pays en début de période. Des averses localement fortes et orageuses se développent généralement sur la chaîne en milieu de journée et peuvent déborder vers les côtes les après-midi. En fin de période, le risque orageux diminue sur le Sud où le temps s’assèche. Un alizé de Sud-Est modéré remplace le faible flux de Nord-Est du début de période. Les températures sont stables et largement supérieures aux normales saisonnières au début de la période, puis elles entament une légère baisse par le Sud en fin de période.
