Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet avaient annoncé un calendrier pour le lancement tant attendu des négociations sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Une probable satisfaction « avec respect et humilité » après leur visite de quelques jours en mission de bons offices sur le territoire, à laquelle il faut, bien sûr, ajouter les entretiens assidus avec la délégation « transpartisane » du Congrès qui s’est déplacée à deux reprises à Paris.
Chacun avait alors compris que du 15 décembre à la mi-janvier, un premier « round » de discussions entre partenaires calédoniens se déroulerait à Nouméa, puis la grande négociation avec l’État prendrait place avec pour objectif la conclusion d’un accord global fin mars. Limpide.
C’était évidemment sans compter les « spécificités » locales.
L’Union Calédonienne, -et l’on serait tenté de dire, « comme d’habitude »-, a mis quelques pelletées de scorie dans les rouages de ce calendrier. Quels que soient les responsables qui s’expriment, tout engagement ou déclaration s’en approchant doit d’abord être validé par le Congrès du parti. Il faudra donc que le sujet soit abordé mi-janvier, date de la prochaine assemblée générale.
Ce n’est pas tout, bien entendu. Pour le parti désormais présidé par Emmanuel Tjibaou, le seul interlocuteur légitime, côté indépendantiste, pour parler valablement de l’accession à la pleine souveraineté, c’est le FLNKS. Sous-entendu, surtout pas l’Uni …
Cette dernière n’est d’ailleurs pas en reste. Elle a embrayé avec quelques interrogations sur le fond. Le Palika interroge l’État sur ses intentions, « cela alors même que les termes de la négociation sur l’après Accord de Nouméa relèvent essentiellement de la responsabilité de l’Etat. Pour le PALIKA, II faut par conséquent que l’Etat annonce l’ouverture des négociations sur l’avenir. A moins que les Présidents Larcher et Braun – Pivet soient officiellement les négociateurs de l’État ». Pas faux.
Le parti de Paul Neaoutyne pose également la question de la légitimité des négociateurs calédoniens, après la suppression du Comité des Signataires, et alors qu’un « format politique de dialogue qui s’appuie sur les forces politiques du congrès est annoncé ». Cf le désaveu infligé au chef du groupe UC au Congrès, participant au calendrier avancé par les présidents des Chambres et la délégation transpartisane. Tout de go, le Palika « dénonce ce qui s’apparente à des stratégies électoralistes et populistes, visant sous couvert de contacts avec l’Etat (via les chambres parlementaires) sur la gestion de la sortie de crise, à imposer une nouvelle configuration des instances de discussions sur l’avenir institutionnel, tant sur la forme que sur le fond ».
Le calendrier annoncé était chaud. Voila de quoi le refroidir.
Mais cependant, tout n’est ni dit, ni écrit. Il n’a fallu « que » quelques jours pour que les interlocuteurs des Accords de Matignon aboutissent. La différence de taille est bien sûr le fait qu’en réalité, ils étaient au nombre de trois.
Reste la situation en métropole, et singulièrement au gouvernement et au Parlement. François Bayrou, nouveau Premier ministre, va-t-il tenir la distance ? L’épisode du conseil municipal de Pau qu’il a tenu à présider, alors que Mayotte était devenu un drame national a fait gloser une grande partie de la France, et la majeure partie de la classe politique. Le tout nouveau chef du gouvernement apparaît quelque peu décalé …
Le président de la République a manifesté sa volonté de ne pas dissoudre l’Assemblée Nationale d’ici les présidentielles. Mais en cas d’aggravation de l’instabilité institutionnelle, laquelle serait sans doute aucun accompagnée d’un risque gravissime d’alourdissement de la dette française, Emmanuel Macron n’aurait pas d’autre choix que de dissoudre à nouveau dans les délais légaux. Que deviendrait alors le processus de révision constitutionnelle nécessaire à la tenue de nos élections provinciales ?
Personne, pour autant, ne doit désespérer du respect d’un calendrier pour les négociations incontournables. Avec une conclusion fin mars ? Juste AVANT Noël ?