Le cyclone Chido a frappé Mayotte avec une violence inédite, provoquant des destructions massives sur l’île. Selon les chiffres officiels, 31 personnes ont perdu la vie et 1 373 ont été blessées. Toutefois, ces données pourraient sous-estimer la gravité réelle de la catastrophe, en particulier parmi les populations des bidonvilles.
Mayotte, département français situé dans l’océan Indien, abrite environ 320 000 habitants, dont près de 100 000 en situation irrégulière, vivant majoritairement dans des habitats précaires. Ces zones, souvent bâties à partir de matériaux de récupération, sont extrêmement vulnérables face aux catastrophes naturelles. Les vents de plus de 220 km/h du cyclone Chido ont dévasté ces bidonvilles, détruisant des quartiers entiers, comme Kawéni, le plus grand bidonville de France.
Les conditions de vie dans ces zones informelles rendent difficile une évaluation précise des pertes. De nombreuses personnes en situation irrégulière, craignant d’être identifiées et expulsées, n’ont pas cherché refuge dans les centres d’urgence ni sollicité l’aide des autorités. Cette méfiance les a poussées à rester dans leurs habitations fragiles, augmentant ainsi leur vulnérabilité face au cyclone.
Par ailleurs, les traditions culturelles et religieuses, qui encouragent l’inhumation des défunts dans les 24 heures, ont probablement conduit à des enterrements rapides, souvent non déclarés. En conséquence, de nombreuses victimes pourraient ne pas être incluses dans les statistiques officielles, compliquant encore davantage le décompte exact des décès.
Les autorités locales et nationales s’inquiètent de l’ampleur véritable de la tragédie. François-Xavier Bieuville, préfet de Mayotte, a estimé que le nombre de morts pourrait s’élever à « plusieurs centaines, voire quelques milliers ». Cette évaluation contraste fortement avec le bilan officiel, laissant penser que de nombreuses victimes restent ensevelies sous les décombres ou ont été enterrées sans déclaration.
Des témoignages sur place renforcent ces craintes. Un restaurateur situé près des bidonvilles a avancé, lors d’une intervention télévisée, une estimation effroyable de « 35 000 à 40 000 » victimes. « Tous les bidonvilles sont détruits, ce qui suggère un bilan humain considérable », a confirmé une autre source, rappelant que plus de 100 000 clandestins vivaient dans ces habitats précaires.
Face à cette situation, le préfet a appelé à la mise en place d’une mission spécifique pour rechercher les morts, soulignant que « 70 % des habitants ont été gravement touchés ». Au service des urgences, l’absence d’un afflux massif de blessés inquiète : la destruction totale des bidonvilles pourrait signifier que la majorité des habitants y ont péri.
La véritable ampleur des pertes humaines restera probablement méconnue. Si une grande partie des populations clandestines a disparu, une conclusion tragique, d’une ampleur inimaginable, pourrait être suggérée.