Pour maintenir une activité lui permettant d’exploiter au mieux ses machines et de conserver ses personnels, la compagnie Aircalin a décidé d’ouvrir une ligne Nouméa-Paris-Nouméa via Bangkok le 11 décembre dernier. Cette ouverture a été effectuée en avance sur un programme déjà envisagé, en raison de l’effondrement du trafic à la suite des événements du 13 mai. La liaison est réalisée avec la flotte long-courrier déjà en place, à savoir deux avions Airbus 330Neo. Les dirigeants de la compagnie ont entrepris des démarches pour faire l’acquisition de deux A-350, mieux adaptés à cette ligne. Dans l’intervalle, une intervention de Brieuc Frogier, conseiller du groupe Les Loyalistes au Congrès, a mis en relief l’absence d’information et d’aval sur ces projets, dont devrait disposer l’actionnaire presqu’unique d’Aircalin, la Nouvelle-Calédonie. Si « le coup est parti », de nombreuses interrogations demeurent pour le moyen et le long terme quant à l’avenir de la compagnie. Décryptage.
Dès le démarrage de la liaison, un incident a montré sa fragilité. L’indisponibilité d’une machine a contraint la compagnie à annuler son deuxième vol retour, de rechercher une location, et de rerouter ses clients. Une impression plus que négative pour un début, et la démonstration qu’avec seulement deux A-330Neo, la régularité, -facteur essentiel de confiance de la clientèle-, n’est pas un pari gagné. Une sorte d’épée de Damoclès qui va peser sur la tête des équipes, et, si ces désagréments se répètent, va inciter les voyageurs à s’intéresser aux solutions alternatives plus sûres.
La concurrence, de son côté, ne va probablement pas rester inactive. Jusqu’à présent, les dirigeants d’Aircalin avaient eu pour politique de négocier le mieux possible, mais de maintenir un lien avec l’opérateur français Air France. Dans un contexte moins cordial, ce dernier pourrait être tenté de réagir avec les moyens puissants dont il dispose. Mais Air France n’est pas seul. Des compagnies asiatiques peuvent « matcher » les tarifs Aircalin, et surtout faire valoir des éléments de confort, notamment dans la classe rémunératrice que constitue la Business Class. Certaines offrent en effet un véritable lit, –