2024 restera comme celle de l’année de l’effondrement de l’autonomie de la Nouvelle-Calédonie.
Depuis 1998, le territoire fédéral jouit d’une autonomie proche de l’indépendance association. Les compétences de l’état sont essentiellement régaliennes et s’exercent également en matière de contrôle de légalité et de contrôle des comptes des collectivités et de leurs établissements publics. Pour le reste, l’essentiel des décisions relèvent du Congrès et du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Fiscalité, économie, enseignement, travail, prestations sociales, santé, sport, santé ou encore transport, tous ces secteurs de « gestion interne » sont de la responsabilité des élus locaux.
SOUVERAINETÉ INTERNE
ET ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE
Cette « souveraineté interne » est exercée, dans le domaine législatif, par une assemblée locale, le Congrès, qui peut voter des lois dites « du pays », échappant à la compétence du Parlement de la République. Ces lois, comme celles de l’Assemblée Nationale et du Sénat, sont soumises au Conseil d’État qui en vérifie notamment la constitutionnalité. Ce dispositif est unique dans la République ! La Nouvelle-Calédonie n’est pas un Etat fédéral comme le Queensland ou les Nouvelles Galles du Sud australiens, mais ses liens, avec la République, échappent au classement classique des territoires et départements d’Outre-mer.
UN LONG DÉCLIN
Au fil des années, cependant, le territoire s’est laissé aller à un relâchement de la qualité de sa gestion, et, dans des secteurs importants, a remis à plus tard les décisions qu’elle devait prendre sans procrastiner. Cette évolution est le reflet d’un affaiblissement des compétences dans la sphère publique. Elle a été marquée depuis deux décennies par un manque d’anticipation dans des secteurs clés comme le social, la fiscalité, ou l’économie. Les marqueurs de cette insuffisance, pourtant pointée du doigt par des expertises, des audits, ou la Chambre Territoriale des Comptes, sont multiples. Il faut citer le régime de retraite de la fonction publique, avec des alertes au milieu des années 2000, celui du Ruam dès 2010. Ou encore, celui de la production électrique, avec toutefois de réels progrès dans la transition énergétique.
Quant au marché du nickel, son retournement s’est opéré à la fin des années 2000. Les acteurs miniers et métallurgiques en étaient conscients, tandis que la sphère publique, probablement en raison des compétences défaillantes pour ce secteur vital, « est passé à travers ». Celui du tourisme, dont les responsables couraient après les statistiques au point d’y intégrer les chiffres illusoires des fréquentations wallisiennes et futuniennes, vanuataises ou encore polynésiennes, a lui aussi décliné. Pas de nouvelles constructions d’hôtel, marqueurs du développement, à l’exception de deux unités, le Sheraton Deva et le Wadra Bay Resort, qui se sont soldés par des échecs cuisants.
Or, l’année 2024 se présentait déjà sous ces auspices de déclin. Finances publiques à sec, menaces sur les systèmes de retraite, sur la production d’électricité, ou encore, situation