Plus que la chute de son gouvernement elle-même, c’est surtout le ton de la lettre de Jérémie Katidjo-Monnier, les arguments invoqués et les éléments du quasi-procès mis en relief par Calédonie Ensemble qui ont été ressentis comme une humiliation par Louis Mapou. Or, il le disait lui-même dans son ultime conférence de presse, pour les Kanak, la forme est essentielle. Et parfois même, davantage que le fond ! Cette humiliation serait-elle de nature et d’importance à détourner l’Uni de toute velléité de discussion avec les non-indépendantistes, et même à conduire à un rapprochement avec le « camp indépendantiste d’en face », auteur d’un véritable hold-up sur le FLNKS, au détriment du Palika et de l’UPM ?
LE POIDS DU COMPORTEMENT ET DE LA FORME
Lorsqu’on se penche plus avant sur la coutume, majoritairement basée sur les équilibres en toute chose, c’est ce qu’on peut vérifier à chaque instant, notamment dans la résolution des conflits entre familles, entre clans, et parfois entre « royaumes ». Les procédures d’excuses et de pardons paraissent en général bien obscures à l’observateur extérieur. Et parfois, il se demande : « comment cela est-il possible ? ». Parfois aussi, à défaut de procédures accomplies jusqu’à leurs termes, les conflits ne sont alors pas éteints, même après des décennies. Confère les incidents meurtriers survenus à Lifou à propos de terres, et toujours pas réglés avec le district de Guahma, pour un litige qui remonte à antan. On dit alors que les cendres ne font que cacher les braises qui couvent …
L’INDÉPENDANCE A ÉTÉ DEMANDÉE EN RAISON … D’UNE HUMILIATION
Le cas le plus extraordinaire a été celui de la naissance de la revendication de l’indépendance. Une délégation d’autonomistes Kanak était présente à Paris, dans le cadre d’une mission de l’Assemblée Territoriale. Alors qu’en cette année 1975, la SLN, propriété du Groupe Rothschild, se trouvait en situation de faillite, le ministre des Départements et Territoires d’Outre-mer, Olivier Stirn, devait présenter son projet de nouveau statut pour la Nouvelle-Calédonie à cette mission transpartisane. Avec en arrière-plan, la demande de création de l’impôt sur les sociétés sur le Territoire. Les autonomistes, faisant partie de ce déplacement qu’un des leurs, président de l’institution, conduisait, souhaitaient exposer « leur » projet d’autonomie au chef de l’État.
Valery Giscard d’Estaing avait refusé, comme le raconte