Hier matin avait lieu la rentrée solennelle de l’Université de la Nouvelle-Calédonie. L’occasion de revenir sur l’année écoulée et de dresser les perspectives pour 2025.
En 2024, l’Université de la Nouvelle-Calédonie (UNC) a forcément subi les conséquences des exactions débutées en mai. « Nos esprits sont encore fortement marqués par l’année qui s’achève », a affirmé Catherine Ris, présidente de l’UNC. Il faut dire que les retombées ont été nombreuses : fermeture des campus, suspension de l’enseignement, ou encore rapatriement de certains étudiants étrangers. Néanmoins, l’UNC a réussi à maintenir une certaine solidarité grâce à plusieurs actions de terrain. Quatre mois après le début des émeutes, l’établissement a rouvert ses portes et a mis en place divers dispositifs pour faciliter le retour en cours. Enfin, dans la phase de reconstruction post-crise, les étudiants ont également été acteurs du dialogue en participant à des rencontres avec des personnalités politiques comme les chefs d’État du Forum des îles du Pacifique, le Président du Sénat et la Présidente de l’Assemblée nationale.
L’UNC, pilier du vivre-ensemble
Dans un contexte aussi instable, l’UNC joue un rôle central dans la reconstruction d’une société calédonienne apaisée. « La Nouvelle-Calédonie n’a jamais eu autant besoin de son université, a affirmé Catherine Ris. C’est un lieu de vivre-ensemble, un outil du rééquilibrage et un endroit où l’on peut débattre en toute neutralité ». Malgré les difficultés, l’UNC continue d’accueillir ses étudiants ainsi que d’autres formations comme celles de l’IFPSS (Institut de formation des professions sanitaires et sociales) et de la PJEJ (Protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse). Catherine Ris a également insisté sur l’importance de l’éducation dans le contexte actuel. En effet, lorsqu’une crise éclate, elle impacte immédiatement l’économie, la sécurité et le quotidien des habitants, mais l’une des conséquences les plus insidieuses et durables est la rupture dans l’accès à l’éducation. Cette rupture peut se traduire par une augmentation des inégalités, une baisse des compétences et une fragilisation du tissu social. Protéger et renforcer l’accès au savoir est une nécessité pour garantir un avenir stable, inclusif et prospère.
2025, une année chargée
Cette année, plusieurs projets seront lancés, notamment :
- La création d’un pôle « Santé, sanitaire et social ». « Les besoins de formation dans ce secteur sont très importants», a souligné Catherine Ris. En effet, la Nouvelle-Calédonie traverse actuellement des difficultés en termes de ressources humaines dans le secteur de la santé. Cette pénurie de soignants risque d’entraîner le territoire dans une crise sanitaire, d’où l’intérêt de réagir rapidement pour trouver des solutions à cette problématique.
- La création d’un pôle « Agronomie tropicale ». Répondant à l’enjeu de la souveraineté alimentaire, ce nouveau pôle situé sur le campus de Baco permettra de soutenir les filières locales et d’innover face aux défis climatiques et environnementaux.
- La transformation des formations pour y intégrer la transition écologique. L’objectif, préparer les étudiants aux métiers de demain et les sensibiliser aux défis environnementaux.
- Le développement du Campus N, un projet du gouvernement dont l’UNC est partenaire. L’université participera à la structuration des formations dans les métiers du numérique, en intégrant des thématiques comme l’intelligence artificielle, la cybersécurité et la transformation digitale.
- La création d’une extension locale de la Maison des sciences de l’Homme du Pacifique, situé en Polynésie française. Elle viendra en appui aux politiques publiques locales dans le domaine des sciences humaines et sociales.
- La création d’un Institut d’Études Politiques du Pacifique. Il s’agira d’une licence axée sur la mobilité régionale puisque chaque année se fera dans une université différente de la région. Les diplômés pourront poursuivre en Master dans le réseau Sciences Po de métropole.
- L’inauguration du Vectopôle. Ce nouvel équipement dédié à l’étude des maladies vectorielles permettra de renforcer la recherche en santé publique et de contribuer à la lutte contre des pathologies comme la dengue ou le paludisme dans la région Pacifique.
- L’ouverture de la Maison des langues et des mobilités. Avec pour objectif de promouvoir le plurilinguisme, cette nouvelle structure favorisera les échanges internationaux, valorisera les langues océaniennes et renforcera les partenariats en matière de formation et de recherche linguistique.
Une fréquentation en baisse ?
Reste à savoir le nombre d’étudiants qui fouleront les bancs de l’UNC cette année. Pour le moment, la campagne d’inscription suit son cours, il est donc difficile de confirmer une tendance. Néanmoins, Catherine Ris s’est montrée plutôt confiante, affirmant que les chiffres étaient similaires à la même période l’année dernière. Les chiffres définitifs seront transmis d’ici une quinzaine de jours. D’ici là, il nous reste à souhaiter une bonne rentrée à tous les étudiants !
Kim Jandot
