Trois ans après le début de la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron a dressé un constat alarmant de la situation, évoquant un conflit toujours aussi intense et ayant causé près d’un million de morts et de blessés. Il a déploré le retrait progressif des États-Unis du soutien à l’Ukraine, rendant ainsi l’avenir de la sécurité européenne plus incertain. Selon lui, l’Europe entre dans une nouvelle ère marquée par une menace russe omniprésente, allant au-delà du champ de bataille ukrainien et s’étendant aux airs, aux mers, à l’espace et au cyberespace. Le président français a averti que la Russie ne s’arrêterait probablement pas à l’Ukraine et représentait une menace durable pour la France et l’Europe.
Emmanuel Macron a rejeté toute paix imposée aux conditions de la Russie, rappelant que la fin des combats ne devait pas passer par l’abandon de l’Ukraine. Il a affirmé que la paix ne pouvait pas être obtenue par une simple capitulation de Kiev ni par un cessez-le-feu précaire. S’appuyant sur l’expérience des accords de Minsk non respectés par Moscou, il a insisté sur la nécessité de garantir la sécurité de l’Ukraine et, par extension, celle de l’Europe.
Concernant la défense européenne, le président a souligné que l’Europe devait se préparer à agir indépendamment de la position américaine. Avant la réunion de Bruxelles du 6 mars, il a exhorté les États européens à renforcer leurs capacités de défense et leur dissuasion. Il a affirmé que l’innocence stratégique des 30 dernières années, depuis la chute du mur de Berlin, était révolue. En réponse à cette nouvelle réalité, il a promis des investissements accrus dans la défense française sans hausse d’impôts et a appelé les acteurs politiques, économiques et syndicaux à formuler des propositions adaptées à ce contexte inédit.
Sur la question de la dissuasion nucléaire, Emmanuel Macron a tenu à rassurer sur la souveraineté française en la matière. Il a confirmé que la dissuasion nucléaire restait pleinement sous le contrôle du président de la République et a annoncé l’ouverture d’un débat stratégique sur la protection des alliés européens dans ce cadre. Il a cependant maintenu que la décision ultime en la matière resterait entre les mains de la France.
Par ailleurs, la France réunira prochainement à Paris les chefs d’état-major des pays prêts à garantir une future paix en Ukraine. Cette initiative pourrait inclure le déploiement de forces européennes après la signature d’un accord de paix, non pour combattre, mais pour en assurer le respect total.
Enfin, Emmanuel Macron a adressé un appel solennel aux Français, les exhortant à ne pas céder à la lassitude face à ce conflit prolongé. Il a insisté sur l’importance de l’engagement national et a rappelé que, si la génération actuelle ne bénéficierait plus des dividendes de la paix, les efforts consentis aujourd’hui permettraient aux générations futures d’en récolter les fruits. Il a conclu son discours en affirmant que la France suivrait une seule ligne directrice : celle de la volonté pour la paix et la liberté.
D’après un sondage Toluna-Harris Interactive réalisé pour LCI après l’alloicution, 68% des Français se disent favorables à l’augmentation du budget français consacré à la défense, comme le suggère Emmanuel Macron. Mais, seuls 35% sont partisans d’une intervention des forces armées françaises en Ukraine.