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    DÉLINQUANCE : L’ÉTAT PRÉSENTE LE BILAN 2024 ET LA STRATÉGIE 2025

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    Dans un document de 30 pages, préfacé par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, les services de l’État en Nouvelle-Calédonie présentent le bilan de la délinquance en 2024 et les actions menées par l’État pour y faire face. Suit la stratégie 2025 pour restaurer la sécurité au quotidien. Vous pourrez découvrir le document intégral dans cet article. Synthèse.

    En 2024, la Nouvelle-Calédonie a connu une crise de délinquance marquée par une forte augmentation des atteintes aux biens, directement liée à la grave crise d’ordre public déclenchée le 13 mai 2024. Les manifestations violentes ont entraîné des blocages, des affrontements, des incendies, des pillages et des destructions de biens. Ces événements ont également exacerbé les violences physiques, particulièrement lors des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. En dépit d’une baisse temporaire des violences intrafamiliales (VIF) en raison de la période insurrectionnelle, la Nouvelle-Calédonie reste l’un des territoires les plus touchés par ces violences. Les femmes, principales victimes des violences conjugales, sont particulièrement vulnérables. La délinquance chez les mineurs, bien qu’en baisse en 2024, reste préoccupante, surtout dans les atteintes aux biens. Nombre de ces mineurs, souvent très jeunes et livrés à eux-mêmes, commettent des actes à des fins ludiques et souffrent de dépendance à l’alcool et au cannabis.

    Le traitement de la délinquance en Nouvelle-Calédonie repose sur une coopération entre les forces de l’ordre, l’autorité judiciaire, les collectivités locales, et d’autres acteurs de la prévention, tels que les établissements scolaires et les institutions militaires. Chaque citoyen peut également participer à cette dynamique par l’observation et la participation à des dispositifs de sécurité communautaire.

    Le cannabis demeure le psychotrope le plus consommé en Nouvelle-Calédonie, et son trafic, bien qu’il touche principalement la côte Est et le Grand Nouméa, s’est intensifié depuis la crise de mai 2024 avec l’apparition de cultures indoor. Cependant, la Nouvelle-Calédonie est épargnée par des phénomènes criminels comme le grand banditisme, les vols à main armée ou le trafic d’êtres humains, en raison de son insularité et de son éloignement géographique des grands axes de trafic international.

    La délinquance, bien que peu structurée, reste liée à des facteurs sociaux tels que l’alcool et le cannabis. Elle est souvent opportuniste et difficile à appréhender par les forces de police. La province des Iles Loyauté, généralement épargnée par la délinquance, a connu une nette hausse de celle-ci, notamment en raison des émeutes de mai 2024. Les taux d’élucidation des faits criminels ont légèrement baissé en 2024, bien que des efforts considérables aient été fournis face à l’ampleur des destructions et des violences.

    Les atteintes aux biens ont connu une hausse spectaculaire en 2024, principalement en raison des émeutes de mai. Les cambriolages ont augmenté de 71,8 %, les vols de véhicules de 32,9 %, et les destructions et dégradations ont bondi de 92,4 %. La Nouvelle-Calédonie se distingue par un taux de destructions et de dégradations environ trois fois plus élevé que la moyenne nationale. Les violences physiques, particulièrement non crapuleuses, ont également enregistré une hausse, avec un taux deux fois plus élevé que celui de la métropole.

    Les cambriolages augmentent fortement de +71.80%, avec 3 099 faits enregistrés en 2024 contre 1 804 en 2023. Les vols de véhicules ont connu en 2024 une hausse de 32.90 %, tout en restant en deçà de 2022, année record avec 1 259 vols de véhicule constatés.
    Les violences intrafamiliales, notamment les violences conjugales, sont un problème majeur. La Nouvelle-Calédonie est l’un des territoires les plus touchés par ce phénomène, avec une majorité de victimes féminines. Ces violences sont exacerbées par la crise sociale et politique, qui a plongé la population dans un climat de grande précarité.

    Les forces de l’ordre ont dû faire face à des émeutes qui ont paralysé une grande partie du territoire. À Nouméa et dans d’autres communes, des affrontements ont eu lieu, entraînant des destructions massives et des blessures parmi les forces de sécurité. Les émeutes ont également provoqué des perturbations dans les transports, notamment autour de la tribu de Saint-Louis, où des barrages ont été érigés sur la route provinciale 1. La situation a été telle que le transport maritime a dû être mis en place pour désengorger la zone et permettre aux habitants du Mont-Dore d’accéder à Nouméa.

    Le coût des destructions liées aux émeutes est énorme, plusieurs centaines d’entreprises ayant subi des dégradations, sans compter les infrastructures publiques. Six établissements scolaires ont ainsi été totalement dégradés. Concernant le secteur privé, les dernières estimations font état de 750 entreprises partiellement ou totalement détruites, et 1375 entreprises ont été touchées indirectement, à des degrés variables.  Ces destructions ont entrainé une hausse substantielle du nombre de chômeurs. Dans son rapport de décembre 2024, publié le 07 février 2025, l’INSEE estime qu’au moins 11 600 salariés du secteur privé ont perdu leur travail depuis le 31 mars 2024.

    La vidéoprotection, bien que présente en Nouvelle-Calédonie, a souffert des attaques violentes. Près de 43 % des caméras installées à Nouméa ont été détruites pendant les émeutes. La sécurité routière, la lutte contre les stupéfiants, et les violences intrafamiliales restent des priorités pour les forces de l’ordre, qui poursuivent leur action pour restaurer l’ordre public.

    La route de Saint-Louis, un axe clé du transport dans la province Sud, a été le théâtre de nombreux troubles liés à un conflit social local. Les forces de gendarmerie ont dû déployer d’importants moyens pour rétablir la sécurité. Les gendarmes ont dû intervenir pour nettoyer la voie, ce qui a généré des coûts substantiels pour l’État. Ces tensions ont continué jusqu’à fin 2024, bien qu’une partie de la situation ait été rétablie début 2025. L’axe routier est demeuré impraticable à la circulation jusqu’à la fin septembre en raison d’une mobilisation soutenue des émeutiers retranchés à Saint-Louis. Entre mai et septembre 2024, près de 300 tirs ont ainsi recensés à l’encontre des gendarmes engagés pour rétablir l’ordre. Sur cette même période, 61 car-jackings ont été dénombrés, faisant systématiquement l’objet de procédures judiciaires.

    A noter, que les infractions décelées dans le cyberespace en zone gendarmerie, ont également connu une forte progression (+56,5%) avec 252 délits constatés en 2024 contre 161 en 2023. Cette augmentation est due aux cyber-patrouilles réalisées par l’unité cyber du COMGEND qui ont été orientées vers les menaces de mort envers les élus durant la période des émeutes et les recherches de receleurs des pillages des centres commerciaux.

    En 2025, le plan de restauration de la sécurité quotidienne en Nouvelle-Calédonie se concentre sur huit axes principaux : les contrôles renforcés sur la voie publique, la sécurité routière, la lutte contre les stupéfiants, la lutte contre les violences intrafamiliales, la prévention de la délinquance, la gestion des squats et de la cohésion sociale, la régulation de la circulation des armes et la lutte contre la désinformation. Bien que plusieurs de ces compétences en matière de sécurité aient été transférées à la Nouvelle-Calédonie, une coopération étroite avec l’État reste indispensable pour traiter ces problématiques efficacement.

    Ce contexte de crise a profondément affecté la société calédonienne, mais la mise en place de mesures de sécurité renforcées et d’une coopération accrue entre les autorités locales et l’État vise à restaurer progressivement l’ordre public et à prévenir de nouvelles vagues de violence. Dans ce contexte, les 20 escadrons de renfort de gendarmerie seront maintenus sur le territoire en 2025.

    Ci-dessous, le document intégral

    BILAN+DELINQUANCE+2024+VF

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