Certains, y compris aux plus hauts niveaux, présentent la jeunesse calédonienne comme une jeunesse en proie à « un malaise », agitant une fois encore, la tactique de la culpabilisation. Or, cette vision réductrice de la réalité ne correspond en rien à l’état de notre jeunesse. Dans son immense majorité, elle travaille, elle cherche à s’en sortir avec de l’ambition, elle est prête à des efforts pour réussir, loin d’une image utilisée même par le ministre des Outremer qui enchaîne ses allusions erronées aux « problèmes de LA jeunesse calédonienne ». État des lieux.
Ils sont des milliers de jeunes, dans les établissements scolaires, à suivre les chemins de la réussite par l’acquisition du savoir. Des milliers dans les maternelles, les écoles, les collèges, les lycées, que les établissements soient publics ou privés. Et la France est garante de cette volonté en finançant la totalité des enseignants, dans le privé et le secondaire public.
Les jeunes Calédoniens de toutes origines sont des centaines à se lancer dans des études supérieures. Dans les classes de BTS, dans les classes préparatoires, à l’EGC, sur le site de l’UNC à Nouméa, sur celui du campus de Koné, ou à l’école d’Infirmiers-ères. Mais aussi en métropole, en Australie, au Canada, en Nouvelle-Zélande, aux Etats-Unis. Des jeunes qui deviendront ingénieurs, médecins, dentistes, avocats, juristes, experts comptables. L’usine de santal à Maré, qui a malheureusement été incendiée, est le fruit de la réussite d’un jeune, devenu ingénieur, chercheur, puis chef d’entreprise.
Des jeunes , aussi, choisissent la voie militaire en s’engageant chaque année dans la marine, l’aviation et l’infanterie. Des jeunes qui n’hésitent pas à quitter durablement leur Calédonie, et dont certains ont donné leur vie sur des théâtres d’opération partout dans le monde. Et puis, combien de jeunes, chaque année aussi, sont volontaires pour apprendre la discipline, la rigueur et un métier au RSMA ?
On pourrait aussi s’étendre sur ces milliers de jeunes Calédoniens qui fréquentent assidument les terrains ou les salles de sports. Les meilleurs produisent des champions, produits du talent, de l’effort, du dépassement de soi. On connaît Yolaine Yengo, Ethan Dumesnil qui prend les traces de Maxime Grousset, son glorieux aîné. Mais combien d’autres se sont embarqués sur ce chemin de l’ambition et de la réussite dans toutes les disciplines, aux Jeux du Pacifique, au niveau national, parfois européen et mondial ?
Bien sûr, la voie de la réussite souffre encore d’inégalités, comme partout ailleurs dans le monde. Dans l’enseignement, mère de toutes les batailles pour la réussite, le Projet Educatif n’est toujours pas adapté à la réalité calédonienne, à celle des enfants des tribus dans leur contexte familial, de transport, à celle des enfants vivant dans des squats, ou plus simplement, dans des familles modestes dans les villages et à la ville. Mais depuis près de 40 ans, les progrès réalisés sont immenses. Y compris dans des domaines extra-scolaires. En Australie comme en Nouvelle-Zélande, les élèves viennent en classe avec leur « lunch box ». La plupart des élèves calédoniens du primaire bénéficient du luxe de la cantine scolaire. Elie Poigoune, dans un entretien radio, rappelait que pour aller à l’école, il faisait quotidiennement des kilomètres à pied. Depuis, les transports scolaires sont devenus naturels. Et les exemples de progrès constants sont innombrables. Et puis, ici, l’enseignement est gratuit …
Alors, que l’on évoque la situation de jeunes face à des conditions et un contexte particuliers, rien de plus pertinent. Que l’on prenne en compte leurs difficultés, et que l’on s’attelle à les résoudre, rien de plus nécessaire. Mais de grâce, il faut cesser de se lamenter sur « le malaise de LA jeunesse calédonienne ». Il convient juste de revenir à la vérité.