Le dimanche, de nombreux motards font un « run » jusqu’à l’hôtel Banu. Belle ballade, et belle destination, à tout juste une heure de Nouméa.
Mais au fait, qui se souvient de l’origine de l’hôtel Banu, et quel lien avec le cinq mâts barque, qui fut le plus grand et le plus beau voilier du monde, dont les restes gisent dans le lagon de Moindou ?
L’établissement qui porte aujourd’hui le nom d’hôtel Banu a été construit en 1883 par Jean-Eugène Pénéchon. Cette année là, l’arrêté du 3 septembre crée la commission municipale de La Foa –l’ancêtre du Conseil municipal-, et les premières élections ont lieu le 28 octobre. 3 colons libres y seront élus, et c’est Vincent Foussard, colon à Méaré qui la présidera pour la première fois.
Cet hôtel s’appelera d’abord « la Chaumière ». C’est en 1910 qu’il est racheté et rénové par M. Banuelos. D’où le nom d’hôtel Banu qui est devenu, depuis, un établissement emblématique de la brousse calédonienne. L’hôtel Banu sera d’ailleurs le théâtre d’aventures mouvementées, rocambolesques, historiques. Mais c’est une autre prochaine histoire …
S’il est question de l’hôtel Banu aujourd’hui, c’est à cause de ce qui fut le plafond de sa terrasse, et des citernes dans la cour, à l’arrière.
La terrasse avait en effet un plafond exceptionnel : il était fait de matériaux provenant du voilier le plus prestigieux au monde, tout comme les caisses à eau remisées à l’arrière de l’hôtel, un voilier qui va connaître un tragique destin.
Nous sommes dans la nuit du 11 au 12 juillet 1922. La houle du large est violente, le lagon agité. Sur le récif de Téremba, des vagues de plusieurs mètres viennent s’écraser dans un vacarme assourdissant.
La nuit est noire. La mer est houleuse, et pourtant le vent est tombé. C’est étrange.
Mais c’est surtout un terrible coup du sort.
Dans la nuit noire, la silhouette d’un immense voilier se dessine. Ses voiles ne sont pas gonflées et flottent, presqu’inertes. Le mastodonte n’a pas de moteurs. Ou plutôt, n’a plus de moteurs. Depuis 1919, ses deux diesels de 900 chevaux chacun ont en effet été enlevés. Ses hélices retardaient la navigation à la voile, moins dispendieuse en ces années difficiles.
Pris dans le courant de la passe, abandonné par le vent, et alors qu’il cherche à se mettre à l’abri, le majestueux navire est drossé par les vagues et la houle, le géant des mers va s’échouer sur le récif. Personne ne le sait encore. Mais c’est la fin du plus grand voilier ayant jamais navigué, un gigantesque 5 mâts barque, une fierté pour la France: le voilier France II, deuxième du nom. Il vient de faire naufrage et terminera définitivement son parcours des mers, très loin de Bordeaux où il a été construit.
Et Moindou, petite commune de Nouvelle-Calédonie, sera son linceul.
Comment cela a-t-il été possible ? Qu’en reste-t-il ?
C’est ce que vous apprendrez dans le prochain épisode de « Culture calédonienne », consacré à cette histoire.