L’Association pour le Droit à l’Initiative Économique (ADIE) a inauguré ses nouveaux locaux situés dans le complexe commercial Belle Vie. Partenaires publics et privés étaient réunis autour de l’équipe pour célébrer cette installation et rappeler l’impact de la microfinance dans un contexte économique toujours fragile.
« C’est un espace qui marque notre volonté de rebondir, de maintenir le lien avec les personnes que nous accompagnons malgré les difficultés », a souligné Ségolène Thomas, directrice de l’ADIE. Présent lors de l’inauguration, le 1er vice-président de la province Sud, Philippe Blaise, a souligné l’importance de l’ADIE dans le contexte économique actuel. « Face à la suppression de milliers d’emplois salariés, de nombreuses personnes cherchent aujourd’hui à se réinventer, a-t-il déclaré. L’ADIE, par son agilité, accompagne celles et ceux qui souhaitent créer leur propre activité. Elle offre aussi une véritable alternative à ceux qui sont éloignés du marché du travail classique, en leur ouvrant la voie de l’entrepreneuriat ».
Les banques locales aux côtés de l’ADIE
Depuis plus de 25 ans, l’ADIE peut compter sur le soutien fidèle de ses partenaires financiers, en particulier les banques. «?Nous collaborons avec l’ADIE depuis près de 20 ans, a précisé la représentante de la Société Générale. D’ailleurs, nous avons récemment lancé une offre bancaire dédiée aux bénéficiaires de l’ADIE. Être présent dans ces moments difficiles, c’est ce qui nous anime?». Un engagement partagé par la BNP et la BCI, dont les représentantes ont rappelé l’importance de proposer une finance inclusive, accessible à tous et capable d’accompagner les entrepreneurs même les plus fragiles.
Un modèle de réussite
L’inauguration a aussi été l’occasion de mettre en lumière un parcours inspirant : celui de Jacob, jeune boulanger originaire d’Ouvéa. Si son parcours de vie a été difficile et l’a même mené en prison, Jacob a décidé de reprendre sa vie en main. Il est maintenant à la tête de sa propre boulangerie. « À ma sortie du Camp Est, j’ai voulu m’en sortir, raconte-t-il. J’ai frappé à plusieurs portes, mais aucune ne s’est ouverte… sauf celle de l’ADIE. Eux, ils ont vu un jeune avec du potentiel, pas juste un ancien détenu. Grâce à leur aide, j’ai pu me former, lancer mon activité, et aujourd’hui, j’ai des clients. Je suis mon propre patron ».
Jacob a lancé W-ako Prod, une boulangerie située vers l’aérodrome de Magenta. Très actif sur les réseaux sociaux – qu’il gère d’une main de maître -, Jacob arrive à attirer de plus en plus de clients grâce à des prix hyper attractifs. Après avoir bénéficié de l’aide de l’ADIE, Jacob veut rendre, à sa manière, en proposant des produits qui sont accessibles à toutes les bourses. Lorsqu’il parle de sa boulangerie, on sent bien que derrière l’aspect économique, il y a un aspect social important : « dans ma boulangerie, il y a toutes les ethnies qui viennent, les gens sont joyeux, ça me fait chaud au cœur », nous confie-t-il.

Jacob est devenu un modèle pour de nombreux jeunes en quête de repères. Son histoire est la preuve qu’aucun destin n’est figé, et qu’avec du courage, du soutien et une main tendue, il est possible de transformer sa vie. En plus de cette belle trajectoire, il tente aujourd’hui, par son action, de rendre le monde meilleur.
Une microfinance qui change des vies
En 2024, 911 personnes ont été soutenues via les dispositifs de microcrédit de l’ADIE. « Ce ne sont pas que des chiffres, ce sont des visages, des histoires, des reprises d’activité, des projets agricoles, artisanaux, ou de reconversion après un licenciement », souligne Ségolène Thomas. Mais l’enjeu dépasse la simple réussite individuelle : « Aujourd’hui, le microcrédit doit être mieux reconnu comme un véritable levier de reconstruction, complète la directrice de l’ADIE. Nous sommes convaincus que donner à quelqu’un la possibilité de choisir sa trajectoire, c’est redonner du sens dans une période d’incertitude ».
Pour l’ADIE, les perspectives sont claires : maintenir le cap malgré des finances fragiles. « On a fait le pari d’ouvrir cette agence. C’est un acte de foi, car nous croyons profondément en notre mission », confie Ségolène Thomas. Entre appui institutionnel, mécénat privé et engagement de terrain, l’ADIE reste plus que jamais un acteur incontournable pour construire un avenir économique plus inclusif. « Ce qu’on fait ici, c’est donner aux gens les moyens d’y croire à nouveau », conclut la directrice.
Kim Jandot