Il existe, en Nouvelle-Calédonie, une culture régionale française. Livres, théâtre, cinéma, poésie, cuisine ou traditions s’expriment évidemment en langue française. Mais ce français possède ses accents, ses tournures de phrases et son vocabulaire particulier. Un Parisien, un Marseillais ou un Réunionnais auront du mal à comprendre l’intégralité des aventures de « Tonton Marcel ». Un mot du lexique calédonien aujourd’hui : l’usage du « faux » !
A entendre parler de la flore calédonienne, on pourrait se demander si tout y est vrai. Pourtant, l’endémie végétale de la Nouvelle-Calédonie est la plus riche de tout le Pacifique sud. Alors pourquoi pourquoi se priver de « vrai » alors que tant de « faux » précèdent un nom commun de plante ?
Tout simplement par souci de simplification pour désigner une plante dont ignore le nom, et qui ressemble à une autre. Elle devient alors son « faux » ! Encore que le souci de simplification pourrait avoir bon dos. Pourquoi se casser la tête à trouver le nom scientifique à rallonge, que personne de comprendra sauf les vrais scientifiques, ou quelques frimeurs voulant se faire passer pour ceux qui précédent ce membre de phrase ?
Alors, venons-en ai fait. Ou plutôt au faux.
Chacun connaît ainsi le faux-poivrier dont les « graines », d’abord vertes, puis rouges quand elle sont mûres, ressemblent à du poivre. Ce qui, d’ailleurs, est un faux-faux puisqu’avec la démocratisation de la gastronomie, on s’est aperçu que le dit faux-poivrier était en réalité un vrai poivrier rose. Qui produit donc du poivre rose !
Ici, on ne dit ni poivre rose, ni fruit de la plante, mais on parle des « graines de faux poivrier ».
On trouve ainsi au bas mot une centaine de faux quelque chose, et pour votre gouverne, on peut en citer quelques uns.
Il y a le faux-tabac, d’ailleurs utilisé pour soigner la gratte de poisson. Et puis encore, on vous les donne en vrac, le faux cerisier, le faux acajou, le faux bois de rose, le faux chataigner, le faux chêne, le faux lila ou encore le faux mimosa. Quoi que, pour ce dernier, les Calédoniens parlent plutôt du mimosa. Et pour beaucoup, n’ont en jamais vu de vrais, d’ailleurs originaire d’Australie et non de la Côte d’Azur comme pourraient le croire certains. Là-bas, à la hauteur du Lavandou, on y trouve Bormes-les-Mimosas !
Il existe même, chez nous, des variétés locales de faux. Ainsi, le faux tamanou est décliné en faux tamanou de rivière, faux tamanou de montagne, faux tamanou de forêt, faux tamanou à grandes feuilles ou faux tamanou à petites feuilles.
La pratique s’est même étendue à quelques cours d’eau. Qui ne connaît pas la Fausse Yaté ?
Les « faux quelque chose » et les « non quelque chose » font d’ailleurs florès au pays du « non-dit ». Un endroit où quelques vérités sont bien cachées …