Résumé : la compagnie Prentout-Leblond, armateur de Rouen, a fait construire le France II considéré comme le plus beau voilier du monde. Le France II va effectuer des transports entre la Nouvelle-Calédonie et la métropole. Il va notamment transporter du minerai de nickel destiné aux ateliers de l’orfèvre Christofle. Malheureusement, Henri Prentout-Leblond meurt en 1915 et le France II est racheté. Après-guerre, ses moteurs tombent en panne et ne sont pas réparés. Cela lui sera fatal. Par une funeste nuit de juillet 1922, le géant s’échoue sur les récifs de Moindou à l’abri desquels il s’était réfugié. Il n’en sortira pas, laissant à la postérité quelques blocs de métal rongé au fond du lagon.
Oui, déjà, Michel Sardou aurait pu chanter : ne m’appelez plus jamais France II, la France elle m’a laissé tombé !
Gaby Briault raconte : « Lorsque j’étais gamin, et que mes parents empruntaient la route poussièreuse du col de Boghen, nous ne manquions jamais de tenter de voir, par la trouée du col de Moméa, les reste émergés du mastodonte.
» Cette épave est longtemps demeurée presqu’intacte. Puis la mer a fait son œuvre. Et surtout, les avions américains l’ont prise pour cible d’entraînement pendant la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, il n’en reste que des débris métalliques rouillés, rongés, gisant sur le récif, et qui ne sont même plus visibles de la surface. Triste fin pour ce navire qui fut la fierté de l’armement français.
» Mais l’histoire ne se termine pas là. Une association, France II Renaissance, s’était mise en tête de reconstruire à l’identique, sur une aire du port de Rouen, le prestigieux cinq mâts barque. Malgré l’engagement de son initiateur, Bernard Bouygues, malgré des soutiens prestigieux comme Eric Tabarly, ce fut malheureusement un échec. Le projet était pourtant hors du commun. L’association projetait de reconstruire le France II à l’identique, faisant intervenir, pour cette construction, les entreprises et les artisans encore en activité. Bernard Bouygues était venu en Nouvelle-Calédonie, et avait pu collecter des objets du France II, y compris des parties de voiles. Hélas, sous la présidence de Jacques Chirac, ce projet qui faisait appel au dispositif de défiscalisation, fut rejeté.
« Il en reste, quelque part, une maquette exceptionnelle du navire mythique, qui fut exposée au drugstore du Rond-Point des Champs Elysées. Dommage« .
Ainsi, le France II ne renaîtra jamais de ses cendres. Encore un loupé de Jacques Chirac. Mais la Calédonie, détentrice d’un véritable patrimoine nationale, pourrait mieux mettre en relief cette partie lumineuse de l’histoire commune de son territoire et de la France métropolitaine. Peut-être un jour …