« Je voudrais dire que nous allons boucler le budget 2024 sans l’aide de l’État« , déclarait dimanche soir le président du gouvernement, sur le plateau TV de NC1ère. Une affirmation hardie qui méconnaît au moins deux interventions de l’État dans les exercices budgétaires du territoire. On pourrait, évidemment, jouer sur la sémantique, et différencier « l’aide de l’État » de « l’intervention de l’État ». Comptablement, le président aurait presque raison. Mais la réalité financière est que, sans l’intervention ou l’aide de l’État, ni le budget 2024, ni les suivants ne pourraient être bouclés à moins de véritables bouleversements budgétaires affectant à la fois le fonctionnement et l’investissement. Et provoquant un séisme économique et social.
Première « facilité » de l’État : 50 milliards de prise en charge des personnels enseignants du secondaire public, et de la totalité du privé, ces personnels étant « mis à disposition globale et gratuite » de la Nouvelle-Calédonie au titre d’un dispositif non réglé dans le temps. Et dont le maintien dépend du bon vouloir de l’État. 50 milliards, c’est un 15% substantiel du budget calédonien !
Deuxième facilité de l’État : les contrats de développement. Financés en grande partie par les contribuables métropolitains, ces convention permettant la réalisation d’opérations d’un coût de plusieurs milliards, qui sont prises en compte dans les exercices budgétaires.
Troisième intervention de l’État : les milliards de dépenses sur le territoire, au titre de ses dépenses régaliennes, des concours apportés par des ministères, et par l’accès des investisseurs à la déification métropolitaine, véritable subvention publique.
Le budget de la Nouvelle-Calédonie est alimenté par des ressources fiscales, provenant majoritairement de l’économie productive et marchande. Or, ces milliards injectés chaque année par la France contribuent à la création de recettes fiscales très importantes, malheureusement non estimées, issues de la consommation, de l’importation, des travaux publics, du bâtiment et des investissement productifs.
Bien sûr, sur le plan strictement comptable, le document budgétaire 2024 affichera probablement un équilibre entre les ressources et les dépenses. Mais sans les ressources directes et indirectes en provenance de l’État, cet équilibre ne serait pas concevable.