Le 12 mars 1942, une date marquante dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, vit l’arrivée des forces américaines à Nouméa. Ce débarquement était un tournant stratégique dans le conflit entre les Alliés et l’Empire du Japon, qui avait rapidement étendu son influence en Asie et dans le Pacifique. Pour comprendre l’importance de cet événement, il convient d’examiner le contexte militaire et géopolitique de l’époque. Mais surtout, pour la Calédonie, ce fut un bouleversement sociétal.
Le contexte de la guerre dans le Pacifique
Après l’attaque japonaise sur Pearl Harbor le 7 décembre 1941, les États-Unis entrèrent officiellement en guerre contre l’Empire du Japon. En réponse à la menace croissante dans le Pacifique Sud, les forces alliées, notamment les États-Unis et la Grande-Bretagne, cherchaient à établir des bases stratégiques pour contrer l’expansion japonaise. La Nouvelle-Calédonie, un territoire français d’outre-mer, devint ainsi un point d’appui essentiel pour les États-Unis.
La France Libre et le Commonwealth s’entendent pour la défense de la Nouvelle-Calédonie. Un détachement australien de quelques soldats arrive alors dans la colonie le 21 juillet 1941 sous le nom de code de Robin Force, afin d’ installer une batterie côtière avec canons et projecteurs. Ce contingent est ensuite remplacé en janvier 42 par une unité de commandos qui quittera le territoire en juillet 1942.
La situation en Nouvelle-Calédonie avant le débarquement
En mars 1942, la Nouvelle-Calédonie était un territoire français sous administration de Vichy. Cependant, les autorités locales de Nouvelle-Calédonie avaient pris position le général de Gaulle et la France libre à l’issue d’un coup de force. Cette situation offrait ainsi aux États-Unis une porte d’entrée dans le Pacifique.
Avant l’arrivée des Américains, Nouméa était un port important pour les navires français. Mais en raison de la montée des tensions dans la région, les Alliés ont estimé que la Nouvelle-Calédonie devait être préparée pour un rôle clé dans la lutte contre le Japon. Le terrain était donc favorable pour l’implantation de bases aériennes et navales américaines.
Le débarquement du 12 mars 1942
Le 12 mars 1942, une importante force militaire américaine, dirigée par le général Patch, débarqua à Nouméa. Ce débarquement marquait le début d’une série de mouvements de troupes américaines dans la région du Pacifique Sud, qui allaient culminer avec la bataille de Guadalcanal et la reconquête des îles du Pacifique. L’arrivée des troupes américaines à Nouméa fut une étape cruciale dans la stratégie globale des États-Unis visant à sécuriser la route vers l’Australie et à préparer l’offensive contre les forces japonaises. Mais surtout, pour la Calédonie, ce fut un bouleversement. Souvenir.
L’impact du débarquement
L’installation des forces américaines à Nouméa eut des conséquences immédiates et profondes sur la guerre dans le Pacifique. La Nouvelle-Calédonie devint une base essentielle pour les forces alliées dans leurs opérations contre le Japon. En particulier, l’île abritait des bases aériennes permettant des attaques contre les positions japonaises en Nouvelle-Guinée et dans les îles Salomon. La localisation stratégique de la Nouvelle-Calédonie permettait également de soutenir l’effort de guerre plus large de l’Australie, qui se trouvait également en première ligne face à l’expansion japonaise.
Les installations américaines de Nouméa furent utilisées tout au long de la guerre pour l’entraînement de troupes, la logistique et le ravitaillement des forces alliées. Elles constituèrent également un point de départ pour les opérations maritimes et aériennes qui allaient marquer la reconquête progressive du Pacifique. À partir de Nouméa, les Alliés purent organiser des offensives cruciales, dont la fameuse campagne des îles Gilbert et Marshall, avant de passer à des batailles décisives telles que Midway et Guadalcanal.
La transformation de la Nouvelle-Calédonie – Des aérodromes partout !
L’arrivée des troupes américaines transforma profondément la Nouvelle-Calédonie, non seulement sur le plan militaire, mais aussi sur le plan social et économique. Le territoire fut rapidement couvert d’insfrastructures impressionnantes, réalisées en un temps record par le rouleau compresseur militaire américain. Bases aériennes, ballet d’avions de chasse et de bombardiers, installations dans l’agglomération en un temps records d’hopitaux, de campements, tout cela sur des dalles qui demeurèrent jusqu’à une époque récente dans des quartiers de Nouméa, comme le long de la Dumbéa. S’agissant des aérodromes, vitaux pour la résistance puis l’offensive américaine, il y en avait à Magenta, à Dumbéa, à Tontouta, à Oua-Tom, à la Plaine des Gaïacs, à Koumac, à Thio, et à l’Ile des Pins, auxquels s’ajoutait l’hydrobase de la rade de Nouméa !
Les Calédoniens, ébahis, découvrirent le Coca Cola et le chewing gum, le bulldozer, et surtout la célèbre jeep. Les routes furent rapidement “coaltarées”, et vers la brousse, jusqu’à la Foa. La baie des Citrons et l’Anse Vata furent entièrement occupées par les militaires américains, qui créérent également le quartier du Receiving Station et celui du Motor Pool. Pendant des décennies, là où se trouve le complexe “La Promenade” trôna le “Pentagone” qui abrita le Quartier Général américain.
La Polyclinique de l’Anse Vata fut d’abord un hopital militaire qui tint bon près de 75 ans. Les “grilles américains”, utilisée notamment durant la guerre pour consolider les pistes d’aviation, furent récupérées par milliers par les Calédoniens qui en firent de multiples usages. Ce fut pour eux un âge d’or, où les dollars coulaient à flot, et où le plein emploi était assuré. On peut dire que sociétalement, la Calédonie sortit de la période coloniale à cette époque, pour plonger dans le monde moderne. D’ailleurs, le discours fameux de Brazzaville par le général de Gaulle scella ce bouleversement.
L’impression laissée par l’efficacité et le modernisme américain fut si forte que, jusqu’à une époque pas si éloignée, une association calédonienne prônait le rattachement de la Nouvelle-Calédonie aux États-Unis pour en former un nouvel État !
