Un pas en arrière, un pas en avant. L’Union Calédonienne a réuni longuement sa Commission Exécutive hier, et tous les représentants de terrain ont débattu des derniers développements liés à la venue du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer en Nouvelle-Calédonie. La principale information qui en était résulté était l’annonce fait par le ministre sur l’accord de principe de la délégation du FLNKS reçue en
« bilatérale » le 4 juin. Information immédiatement contestée par l’UC dans une communiqué du 8 juin qui affirmait : « aucun accord n’a été conclu sur le dégel du corps électoral citoyen« . Mais de son côté, le Palika, en assemblée générale, annonçait son accord de principe sur l’ouverture du corps électoral aux électeurs justifiant de 10 ans de présence sur le territoire. Hier, l’Union Calédonienne, en validant « la méthode Darmanin », a ouvert une brèche dans son refus de toute discussion autre que sa revendication d’indépendance en 2025
OUI A DES SÉQUENCES DE TRAVAIL, Y COMPRIS SUR DES SUJETS RÉPUTÉS TABOUS
À l’issue de 5 heures de discussions et d’échanges sur la visite du ministre et sur les sujets abordés avec lui, les responsables de l’Union Calédonienne ont décidé d’accepter la proposition du Haut-Commissariat de tenir des réunions de travail sur les questions déjà évoquées par l’UC -l’identité kanak, le foncier-, ainsi que sur celles plus sensibles martelées par Gérald Darmanin : la réforme électorale et le droit à l’autodétermination. Dans la foulée, le mouvement indépendantiste a évoqué les futures institutions. Il donnera probablement son point de vue sur l’audit de décolonisation et sur le bilan de l’Accord de Nouméa. Un « package » qui, en fait, regroupe toutes les questions posées sur la table par le ministre.
PASSER DES « DISCUSSIONS » AUX « NÉGOCIATIONS », ET DES « BILATÉRALES » AUX « TRILATÉRALES »
L’Union Calédonienne utilise à fond les subtilités de la sémantique érigée en positionnement politique. Discussion n’est pas négociation. Réunion à trois n’est pas forcément une trilatérale. Mais refus de participer n’est pas forcément contraire à participer. Dans quelques jours, un Comité Directeur va décider si le mouvement politique donne mandat ou non à des représentants pour « négocier », et s’il participera ou non à des « trilatérales ». Sous entendu, des vraies.
UNE « DETTE COLONIALE » QUI N’EN FINIT PAS
Quelle que soit la situation statutaire de la Nouvelle-Calédonie, et probablement si ultérieurement le territoire est reconnu « autonome » par l’Onu, c’est à dire décolonisé, il est probable que l’UC revendiquera les ombres de la colonisation, justifiant une demande sans fin de l’acquittement par la France de la « dette coloniale ». Sémantique, encore. Réforme foncière, cession de Koniambo, soutien à la formation supérieure de cadres kanak, régime démocratique permettant aux indépendantistes de gérer une quasi « souveraineté interne », rien n’y fera. L’évocation de la « dette coloniale » est le moyen ultime d’obtenir -ou de tenter- des concessions de la part de l’État. L’Union Calédonienne va jouer de ce registre inépuisable, notamment lors de la venue du président de la République.
AU TOTAL, LA NÉGOCIATION SUR L’APRÈS ACCORD DE NOUMÉA PROGRESSE
Au-delà des postures, des querelles sémantiques, il est indéniable que, pas à pas, la marche vers une véritable négociation sur l’après Accord de Nouméa est réelle. Un environnement international y participe. L’évolution de la Papouasie, celle du Forum, celle de l’Onu, vont dans le sens de cette négociation. Les indépendantistes, chacun à leur mesure, ont le souci de justifier tout cela auprès de leurs militants. Ce qui revient à leur faire comprendre qu’en dépit des contestations, le résultat des trois référendums s’impose. Et que la Nouvelle-Calédonie est définitivement entrée dans un cycle nouveau qui succède à l’Accord de Nouméa.
