Les Calédoniens attendaient de savoir si les réunions programmées cette semaine à Paris entre les deux grandes mouvances calédoniennes et l’État serviraient à quelque chose. La réponse a été donnée hier. Les délégations ont été reçues mercredi par la Première ministre à l’Hôtel Matignon. Elisabeth Borne a prononcé un discours à la fois ouvert, mais aux orientation précises qui s’inscrivent dans la déclaration du président de la République sur la Place des Cocotiers. Une ouverture qui a été appréciée par le président du gouvernement local, Louis Mapou.
Les délégations se sont ensuite dirigées, pour une partie, vers la Place Bauveau, au ministère de l’Intérieur, et pour une autre partie, vers Bercy afin de poursuivre les discussions visant à sauvegarder la filière nickel en Nouvelle-Calédonie.
« Le statut quo n’est ni possible
ni souhaitable«
Dans un discours dense, la Première ministre est revenue sur « le chemin du pardon et le chemin de l’avenir », tracé par le président de la République. Elle a ainsi invité les participants à écrire une nouvelle page de l’histoire calédonienne, « une histoire qui s’écrira dans un cadre renouvelé, au terme du processus politique prévu par l’accord de Nouméa » a-t-elle réaffirmé tout en basant cette nouvelle histoire dans « le Pacte de Nouméa » proposé par Emmanuel Macron.
En ce qui concerne le chemin du pardon, la Première ministre s’est adressée à Louis Mapou. « Le président de la République a invité le président Mapou à inventer, avec ceux qui sont prêts à se mobiliser, une démarche originale. Je sais que le Président Mapou fera des propositions en ce sens » a-t-elle déclaré.
Pour ce qui est de l’avenir, il s’agit d’abord, pour la Première ministre, de « poser les bases de l’avenir institutionnel du territoire, dans le cadre de la République ». « Le processus politique prévu par l’accord de Nouméa est allé à son terme. A partir de là, le statu quo n’est ni possible, ni souhaitable. Personne ne le veut « , a-t-elle poursuivi. Elle a ensuite évoqué 3 questions fondamentales : l’exercice du droit à l’autodétermination inscrit dans la Constitution, le statut nouveau à mettre en place, et la réforme du corps électoral, indispensable, mais qui doit conduire à la fondation d’une nouvelle citoyenneté calédonienne. « Ce sont, plus largement, des droits et des devoirs, des valeurs et le partage d’un destin commun. Toutes ces notions doivent être précisées, pour servir de base au destin commun de tous les Calédoniens »
Enfin, concernant la filière nickel, la Première ministre a confirmé que « l’État répondra présent » dans la perspective d’une nouvelle stratégie commune. Cette action se traduira notamment dans la transition énergétique. Mais Elisabeth Borne a prévenu : « Il est inenvisageable, surtout au vu de notre contexte de finances publiques, que le contribuable finance des usines si elles sont structurellement déficitaires, a fortiori si elles ne produisent qu’un nickel qui n’est pas centré sur nos besoins stratégiques et qu’elles n’ont pas un accès normal à la ressource »
« UNE RÉUNION CONSTRUCTIVE
AU MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR »
Place Bauveau, sous la présidence de Gérald Darmanin accompagné de Philippe Vigier, les délégations ont ensuite eu l’occasion d’échanger sur des propositions concrètes inscrites dans un document de travail présenté par les ministres. Tous les sujets essentiels y figurent : la réforme des institutions, le corps électoral, le poids électoral des élus les circonscriptions, la clé de répartition, ou encore une évolution dans la répartition des compétences. Six thématiques sont proposées par l’État : le statut de la Nouvelle-Calédonie au sein de la République, les institutions locales, le corps électoral et la citoyenneté calédonienne, l’exercice de l’autodétermination, les compétences, les mesures économiques et financières, les mesures d’application de l’accord.
Pour ce qui est plus précisément du calendrier de la réforme électorale, le gouvernement poursuivra les discussions dans la perspective d’aboutir à un consensus. Mais en tout état de cause, la réforme sera conduite. La limite de discussions a été fixée au mois de novembre, date à laquelle, si aucun accord n’a été trouvé, le gouvernement « prendra ses responsabilités », ainsi que Gérald Darmanin l’a annoncé et confirmé à plusieurs reprises.
Pour valider ou tenter de valider l’ensemble des discussions, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer et le ministre délégué aux Outre-mer se rendront en Nouvelle-Calédonie au mois d’octobre prochain.