Depuis le 13 mai, la Nouvelle-Calédonie traverse une crise sociale de grande ampleur, dont les conséquences se feront ressentir encore longtemps. Si certains ont pris la décision de quitter le Caillou, d’autres souhaitent reconstruire. Rencontre avec ceux qui font le pari de l’avenir en Calédonie.
Pour Maeva Bochin, la crise actuelle était presque prévisible : « on sentait que ça allait péter, nous dit-elle. On observait des petits changements dans les comportements, notamment des regards ». Avant le début des évènements, l’artiste plasticienne prévoyait de se rendre au Québec afin de se former en art-thérapie pour avoir les outils nécessaires pour travailler auprès des jeunes. Si son désir de formation reste le même, elle reconnaît que les prochains temps seront difficiles pour les artistes, tout art confondu. « J’ai toujours envie de partir me former mais concernant nos projets artistiques, tous les financements sautent, il n’y a plus rien, explique-t-elle. Ce n’est plus la priorité. Les financeurs ont été clairs, il faut d’abord penser aux entreprises et aux emplois, ce que je comprends, mais en attendant si les gens ne vont pas bien, ça va être compliqué pour eux de remonter la pente. Les artistes peuvent mettre des choses en place pour que les gens aillent mieux, pour apporter un peu de sourire et de pensées positives ».
« L’art est un effort pour créer, à côté du monde réel, un monde plus humain »
(André Maurois, romancier français)
Si Maeva souhaite bientôt partir vers le Québec pour se former, elle est formelle : elle reviendra vite. « Je veux rester en Nouvelle-Calédonie pour faire des choses pour les gens, affirme-t-elle. Je n’ai aucune étiquette politique, ni d’un côté, ni de l’autre. La seule chose que je veux, c’est aider par ma pratique artistique. Même si ce n’est qu’une ou deux personnes… Je veux aider les gens à se sentir mieux, leur offrir des petites bulles d’oxygène ». En d’autres termes, partir n’est pas une option : « je ne vois pas trop ce que j’irais faire en France ou ailleurs, souligne l’artiste plasticienne. Si je dois partir, c’est uniquement pour faire cette formation en art-thérapie, justement pour revenir avec plein de nouveaux outils et mettre en place des choses qui tiennent la route. Aujourd’hui, je fais par intuition, au feeling, mais il me manque les outils ».
Récemment, Maeva a conduit une action d’une semaine à La Foa, avec l’association artistique « Les possibles », ainsi que Ben Burgeon de l’association Cie Crunc. Une manifestation artistique improvisée qui a permis aux enfants (et à leurs parents!) de partager des moments de joie très précieux en cette période difficile.