Il y a 17 ans, un sénateur, Bruno Retailleau, se dressait à la fois contre le président de la République et contre son gouvernement qui avaient décidé de trahir les votants calédoniens ayant approuvé l’Accord de Nouméa. Il avait été un des rares parlementaires non-calédoniens à oser. Avec le recul, les propos de celui qui exerce aujourd’hui les fonctions de ministre de l’Intérieur sont saisissants de lucidité. Ils méritent d’être rappelés à la mémoire, aussi bien des politiques, que des citoyens, notamment en ce qu’ils comportent de prémonition pour les événements du 13 mai.
En 2007, le projet de loi constitutionnelle était soumis au Parlement pour modifier le corps électoral restreint pourtant adopté lors du référendum sur l’Accord de Nouméa, et le transformer en corps électoral figé. Une voix s’était élevée au Sénat pour s’y opposer. François Baroin, alors ministre des Outre-mer, et défendant le « gel » avait été interpelé par Bruno Retailleau qui lui avait posé quatre questions, toujours d’actualité : : le gel du corps électoral pour les élections provinciales territoriales était-il vraiment dans l’accord de Nouméa ? Ce projet est-il conforme à nos principes juridiques ? Ce projet est-il légitime ; respecte-t-il notre modèle civique ? L’accord de Nouméa prévoit-il le gel du corps électoral ?
Celui qui est devenu aujourd’hui ministre de l’Intérieur apportait, selon ses termes, “une voix dissonnante” au sein de l’uninamisme qui régnait au sein de l’hémicycle. “Le texte qui nous est soumis ce soir n’est pas un texte ordinaire, me semble-t-il, et vous le reconnaissez vous-même, puisqu’il touche aux conditions même de l’exercice de la citoyenneté”, ajoutant : “Si cette révision va à son terme, des citoyens français seront définitivement privés, pour certaines élections seulement certes, de leur droit de suffrage sur le sol de France”.
Et de rappeler la vérité concernant l’Accord de Nouméa : “En fait, le point 5 du préambule de cet accord ne laisse aucun doute puisqu’il y figure que « le corps électoral pour les élections aux assemblées locales propres à la Nouvelle-Calédonie sera restreint aux personnes établies depuis une certaine durée ».
“L’intérêt de la langue française est qu’elle est précise, poursuivait-il. La définition ici retenue est bien celle d’un corps électoral glissant. Elle permet à chaque citoyen français Ce contenu est réservé aux abonnés
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