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    DES SALINES À NOUMÉA ! ELLES ÉTAIENT INSTALLÉES DANS LE MARAIS DU PORT DESPOINTES

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    Mais oui, on fabriqua du sel à Nouméa. Et très tôt, dans l’histoire de l’établissement de Port de France rebaptisé Nouméa le 2 juin 1866. C’est précisément cette année-là qu’arrive dans la capitale Charles Joseph Bon. Il vient de l’ile d’Oléron. Son métier : saunier, exploitant d’un marais salant ou d’une saline.

    Nouméa est alors cernée de marécages. Il y en a sur toute la presqu’île, et presque dans tous les quartiers. Charles bon effectue alors des premiers essais de production de sel, de façon très artisanale. Il s’agit, pour lui, de vérifier s’il est possible d’installer dans le chef-lieu, de vraies salines, puis d’expérimenter une petite exploitation.

    UNE PREMIÈRE TENTATIVE À SAINTE MARIE

    Sa première tentative, au fond de la baie de Sainte Marie, est concluante. Après quelques années, il cherche alors un endroit plus propice, et plus accessible pour un travail quotidien, et à partir duquel, le transport des chargements de sel est plus aisé.

    En ces temps-là, le développement urbain se limite aux rivages de la baie occupée à présent par le centre-ville. En lieu et place de la Place des Cocotiers et de tous les environs, c’est la mer. Avec l’aide de la pénitentiaire, les autorités entreprennent alors le remblaiement de tout cet espace, en arasant une grosse butte qui ferme la partie ouest de la baie, la fameuse butte Conneau. Ce nom est celui d’un marin, Théophile Conneau. Son frère, Henri, compagnon de route de Louis Napoléon, est le premier médecin de Louis Napoléon III devenu Empereur. Grâce à son appui, il est nommé « agent de colonisation » à Nouméa, et deviendra le premier capitaine du port.

    UNE ROUTE VERS LE PORT DESPOINTES

    Pendant les trois premières décennies, la ville se développe. Une digue permet le franchissement de la baie plus au sud, laquelle, après son remblaiement, deviendra le Quartier Latin. Dans les années 1870, l’extension de la ville se fait vers ce qui est à présent la Vallée des Colons puis vers le Port Despointes. Mais c’est d’abord ce qui est aujourd’hui le Faubourg Blanchot qui se développe.

    Alors que la route n’est pas encore achevée, Barthélémy Blanchot, arrivé à Nouméa à bord de l’Isis avec son épouse Marguerite et leur fille Marie, rachète progressivement tous les terrains situés de part et d’autre de la future route principale. Il les vendra sous forme de lots, et baptisera ce lotissement « Faubourg Blanchot ».

    Ce qui est intéressant, c’est que cette urbanisation va conduire à poursuivre l’ouverture d’une route jusqu’à Port Despointes, et donner accès aux futures salines.

    LES SALINES DU PORT DESPOINTES

    Comme le fond de la baie de Sainte Marie, celle du Port Despointes est prolongée par un vaste marais qui pénètre profondément dans le Faubourg Blanchot. C’est ce lieu que choisit Charles Bon pour lancer son entreprise.

    C’est le temps des pionniers. Il n’existe alors ni subvention d’équipement, ni Code des Investissements, ni soutien par la défiscalisation ! Chacun prend ses risques, sur ses propres deniers. La réussite est bienvenue. L’échec est solitaire.

    Charles Bon défriche une partie du marais, au sud, à proximité des eaux de la baie. Il y fait creuser plusieurs bassins. Comme la marée ne monte pas suffisamment haut pour les submerger, il installe un moulin à vent qui actionne une pompe à piston. Celle-ci permet de pomper l’eau de mer pour la conduire dans les bassins. Les prises d’eau se situent à la hauteur de ce qui fut un petit pont de franchissement du bras de mer reliant le marais à la baie du Port Despointes, et qui se situait à proximité du rond-point de l’Eau Vive.

    Sur la partie haute de la photo, on aperçoit le marais de Sainte Marie, puis plus bas, celui du Faubourg Blanchot/Port Despointes. En haut, sur la partie droite, au dessus de la route du Trianon, on voit distinctement les Salines. Au premier plan, le Quartier Latin

    Autour des bassins, l’entrepreneur construit les bâtiments de l’exploitation, et notamment ceux servant au stockage et au conditionnement du sel.

    Une vue saisissante des Salines, serties dans le marais du Port Despointes. À Port Despointes, plage et cocotiers …

    Il fallait 3 semaines environ pour que l’eau s’évapore, et que le sel puisse être récolté après avoir formé une croûte de 5 cm environ.

    Les salines furent reprises en 1919 par Monsieur Okada qui fournit du sel calédonien jusqu’en 1948.

    LE PREMIER CINÉ DRIVE IN … DE FRANCE

    Le terrain fut ensuite asséché. Au début des années 60, Désiré Katevinica, déjà créateur du cinéma Rex, édifia sur les anciens terrains des salines, l’Alizé Ciné Drive-in, le premier du genre en France. L’installation était équipée d’un restaurant, et on pouvait y danser le samedi soir au son d’un orchestre local. Il fut rapidement imité par un second Drive-in édifié près de l’hippodrome. Aujourd’hui, les lieux sont notamment occupés par l’établissement des Cerisiers Bleus. Et (presque) tout le monde a oublié qu’au temps jadis, Nouméa fabriquait son sel.

    Les Cerisiers Bleus

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