
C’est un règlement de comptes en bonne et due forme entre indépendantistes des Iles Loyauté. Alors que l’Assemblée de la province des Iles Loyauté était réunie pour voter son budget, le président Jacques Lalié a été mis en minorité avec, contre lui, le Palika, 4 des 6 élus UC/FLNKS et Dynamique Autochtone. Le parti Travailliste s’est abstenu. Jacques Lalié, Isabelle Bearune et Robert Kapoeri, Premier Vice-président Palika ont voté pour.
Si Dynamique Autochtone explique son vote par les problèmes concernant le port de Tadine, les élus du Palika et ceux de l’UC-FLNKS ont un motif politique : la présence de Jacques Lalié à la Convention des Partenaires à Paris il y a deux mois. Le reste n’est évidemment que littérature, les élus ayant voté jusqu’à présent les propositions de l’Exécutif sans sourciller.
La charge contre Lalié a été violente. Wali Wahetra découvre la gestion des Iles en affirmant sans rire : « votre gouvernance et votre gestion nous conduisent vers une république qui s’apparente à une république bananière ». Lorsqu’on connaît la conception de la démocratie des indépendantistes –l’indépendance, ce n’est pas négociable-, la réflexion de manque pas de sel. Suivent évidemment des accusations empruntées à la réthorique marxiste : « enjeux de pouvoir servant les intérêts de la bourgeoisie », « népotisme », et toujours sans rire, « totalitarisme ».
Du côté de l’UC, on y va au marteau pilon : démission immédiate de la présidence, convocation devant la commission de discipline, restitution du mandat provincial. Il ne manque que le tribunal révolutionnaire.
Jacques Lalié, lui aussi, ne fait pas dans la nuance, estimant que la démocratie n’est vraiment pas le meilleur des systèmes. On a l’habitude. Il est vrai qu’avec les chefs coutumiers …
Voila donc la province des Iles dans le chaos. Au moins, l’obligation des douzièmes provisoires l’obligera à une gestion économe d’autant bienvenue que la collectivité vit largement des impôts payés en majorité par les contribuables de la province Sud.
Le président de la province espère que les choses s’apaiseront avant l’obligation, pour l’État, de prendre les choses en main. Une option envisagée par un contestataire sans autre souci. Mais s’en remettre aux représentants de ce que les indépendantistes s’obstinent à qualifier de puissance coloniale, n’est-ce pas aussi une raison de réunir un conseil de discipline ?
