Minoritaire dans le capital de KNS avec 49% des actions, Glencore en est le financier. Selon le récent rapport conduit sur la filière nickel calédonienne par l’Inspection Générale des Finances et le Conseil Général de l’Économie, la société a des « capitaux propres fortement négatifs » (1.400 milliards FCFP en fin 2022). À cette date, sa dette financière nette atteint 1.640 milliards FCFP. Un document remis à la mission en mars 2023 par l’entreprise indique que les besoins de financement de KNS sont estimés à près de 113 milliards FCFP d’ici 2026.
Pourtant, en mars dernier, lors de la venue de la mission, Glencore avait indiqué son intention de prendre une décision, pour une durée indéfinie, quant au maintien de sa lettre de financement de KNS. En clair, cette lettre donne à Koniambo Nickel la qualité de Glencore vis-à-vis de ses fournisseurs et créanciers pour honorer ses engagements courants.
A présent, c’est la douche froide. « Glencore, actionnaire et financeur de Koniambo Nickel, a annoncé son intention de cesser de financer les opérations de l’usine du Nord à la fin du mois de février 2024 si aucune nouvelle solution de financement n’était pas identifiée« .
Bien entendu, l’actionnaire majoritaire est la SMSP, mais qui peut penser un instant que la filiale de la Sofinor serait en mesure de financer les opérations de KNS ? Pourtant, du côté de la direction, on met en avant les progrès réalisés dans tous les domaines : un process métallurgique désormais performant et stable, une trajectoire de transition énergétique et de verdissement du produit, bref de quoi à terme, pour l’usine, financer ses opérations par les revenus de sa production.
Ces progrès semblent cependant ne pas avoir convaincu le géant Glencore.
Alors, quelles pourrait être la « solution nouvelle de financement » ? Sûrement pas une solution en provenance de la Nouvelle-Calédonie, elle-même au bord de la ruine. En revanche, quelques indications ont été apportées par le président de la République, dans le Pacte de Nouméa.
L’État pourrait intervenir directement pour financer la transition énergétique -de la compétence de la Nouvelle-Calédonie …-, et par là-même, réduire considérablement le coût de l’énergie, composante majeur du prix de revient de la production des usines du Nord et e Doniambo.
Emmanuel Macron a également engagé les partenaires calédoniens à ouvrir l’exportation de minerais non utilisables localement, pour permettre aux usines de se reconstituer une trésorerie. Mais cela suppose une révision de la « doctrine nickel », qui se heurte à la ferme opposition de Paul Neaoutyne.
Finalement, donner suite au « discours néocolonial » de la Place des Cocotiers prononcé par le président de la République, et revenir sur la « doctrine nickel », cela constitue-t-il « une solution nouvelle de financement » convenant aux indépendantistes ? A défaut, Glencore accompagnera peut être la fermeture de l’usine du Nord.