Résumé : la compagnie Prentout-Leblond, armateur de Rouen, opérait un navire à propulsion mixte transportant du pétrole entre la France et les États-Unis. Elle décide de faire construire un nouveau navire, encore plus grand que le France I armé par la compagnie française Bordes. Objectif : aller jusque dans le Pacifique en transportant également des passagers.
Pour satisfaire les exigences de la Société Anonyme des Navires Mixtes que préside Henri-Victor Prentout-Leblond, les ingénieurs et les chantiers navals de la Gironde vont devoir réaliser des prouesses. D’ailleurs, nombreux sont les spécialistes de l’armement maritime à être dubitatifs.

Le France II a une coque en acier. Il mesure 146 mètres 20 de long, et 16 mètres 90 de large. La hauteur des mâts culmine à 64 mètres. Et surtout, son grément est de cinq mâts barque. C’est gigantesque. La surface de voile est de 6350 mètres carrés.

Et surtout, le procédé propulsif est innovant. Ainsi l’a voulu Henri-Victor Prentout. Le France II est en effet équipé de deux moteurs diesels Schneider de 900 chevaux chacun.
Les ingénieurs avaient calculé, je cite, « qu’une brise de 5 nœuds à la seconde devait donner à la voilure une poussée permettant d’atteindre 17 nœuds ». Pour un navire de 146 mètres de long, avec une coque en acier, c’est tout simplement stupéfiant.
Quant aux deux moteurs diesel, ils sont conçus pour donner au navire une vitesse de 10 nœuds. Ce qui fut fait lors des essais officiels d’août 1913, permettant à la société de percevoir la prime de construction des vapeurs.
Les soutes du France II contiennent assez de combustible pour naviguer pendant 47 jours et parcourir 11000 milles, soit deux fois la traversée aller-retour Le Havre-New York.
Pour Henri-Victor Prentout-Leblond, France II sera capable d’atteindre la Nouvelle-Calédonie en 80 jours, c’est à dire plus vite qu’un cargo de l’époque.
L’équipage nécessaire pour manœuvrer ce géant est relativement réduit, et son exploitation est donc économe. 45 hommes doivent suffire.
Mais transporter du fret, et en particulier au retour, du nickel, n’est pas tout.
Le France II a aussi l’ambition d’être un navire de croisière luxueux. La société anonyme des navires mixtes en fait d’ailleurs la promotion. Et il faut admettre qu’il y a de quoi !

La brochure éditée vante le luxe du bateau. Le château central est accessible, je cite, « par un grand fumoir situé sur le pont promenade et couvrant le grand escalier à double révolution ». Des vastes chambres, un grand salon meublé d’un piano, un salon de lecture-bibliothèque, des jardinières garnies de plantes vertes, des appliques électriques donnent la mesure du confort offert aux quelques passagers ayant le privilège de voyager sur ce monument des mers.
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