Il existe, en Nouvelle-Calédonie, une culture régionale française. Livres, théâtre, cinéma, poésie, cuisine ou traditions s’expriment évidemment en langue française. Mais ce « français calédonien » possède ses accents, ses tournures de phrases et son vocabulaire particulier. Ainsi, un Parisien, un Marseillais ou un Réunionnais auront du mal à comprendre l’intégralité des aventures de “Tonton Marcel”. Un mot du lexique calédonien aujourd’hui : communard !
En Nouvelle-Calédonie, le mot « communard » possède un double, voire un triple sens que nous allons vous commenter.
Tout d’abord, il désigne, comme en métropole, les révoltés de la Commune de Paris en 1870. Cette partie de l’histoire de France implique directement la Calédonie dans la violente répression qui s’en est suivie.
En effet, comme beaucoup d’entre vous le savent, c’est ici, aux antipodes de Paris, que furent déportés les principaux meneurs de la Commune et les plus emblématiques. Citons Louise Michel et le journaliste, grand ami de Victor Hugo, Henri Rochefort, de son vrai nom Henri de Rochefort-Lucay.
L’un d’entre eux, Maxime Lisbonne, dit le « colonel Lisbonne », dans l’un de ses « écrits », a inventé le mot « Calédoche » devenu dans les années 1960, Caldoche.
Mais trève de dérives historiques, voyons à présent la deuxième signification de communard dans une autre dérive.
Le communard est un poisson très commun du lagon, et très apprécié des Calédoniens en friture. Comment se pêche-t-il ?
On peut « l’attraper » avec une ligne, avec une “gaule” ou, depuis quelques années, avec une petite canne à pêche, à bord d’une plate ou d’un bateau plus imposant, et en se laissant dériver au grè du courant. On fait ainsi « une dérive aux communards« .
Ultime signification, enfin, pratiquement disparue des mémoires : communard désignait aussi les élèves de l’école dite « communale » au cours de la longue période qui a suivi la séparation de l’Eglise et de l’Etat, et la création des écoles laïques. En Calédonie aussi, les élèves allaient “à l’école communale”, et d’autres, “chez les Frères”.
Ainsi, il y avait d’une côté, les communards, et de l’autre, les corbeaux, rappel des couleurs éclésiastiques noir et blanc.
Et comme le corbeau calédonien est le corbeau le plus intelligent du monde, faut-il en conclure que l’école privée est plus performante que l’école publique ? C’est un pas osé que nous ne franchirons évidemment pas !