On l’apprenait en début de semaine : la Fédé ne fait pas partie des signataires de l’accord-cadre, jugeant ce projet injuste et inflationniste. En réaction, et après plusieurs mois de travail, la Fédé a présenté un plan alternatif pour la Nouvelle-Calédonie, avec l’objectif de réduire les inégalités.
Face à un projet gouvernemental jugé inéquitable, la Fédé a dévoilé les conclusions de son colloque : la mise sur pied d’un plan de refondation sociale et solidaire, qui se veut une réponse aux inégalités structurelles en Nouvelle-Calédonie. En parallèle, elle a justifié son refus de signer l’accord-cadre proposé par le gouvernement, dénonçant un manque d’écoute et une orientation qu’elle juge « ultralibérale ».
Un projet alternatif basé sur de nombreuses sources
Fin mars, la Fédé a organisé un colloque visant à construire une alternative au PS2R, le Plan de sauvegarde, de refondation et de reconstruction du gouvernement. « L’objectif était de proposer un nouveau plan qui, contrairement à celui du gouvernement, prend en compte les inégalités », explique Steeve Teriitehau, secrétaire général de l’organisation. Jeudi 15 mai, la Fédé a présenté le fruit de plusieurs mois de travail, enrichi de contributions d’experts et de données issues de la Chambre territoriale des comptes, de l’ISEE ou encore de la Direction des services fiscaux. « Ce que nous proposons, ce n’est pas que pour la relance économique, précise le secrétaire général. C’est un véritable projet de société pour ne pas reproduire les erreurs qui nous ont mis dans cette situation. La plus grosse inégalité, celle qui perdure depuis des décennies, c’est l’inégalité fiscale. Aujourd’hui, ce qu’on souhaite rétablir, c’est un meilleur partage des richesses, notamment en diminuant la fiscalité indirecte ».
Deux directions opposées
Réduire la fiscalité indirecte en augmentant les impôts et les cotisations sociales, c’est précisément l’inverse que propose la Fédé. Elle estime que d’un côté, on veut réduire les cotisations pour augmenter les salaires nets, tout en modifiant les taxes sur la consommation et de l’autre, le sien, on veut réduire la pression sur le consommateur en augmentant les cotisations des plus gros salaires. Deux visions totalement différentes, qui ont poussé le syndicat à ne pas signer le document. « Le point de rupture a été cette volonté de transférer les charges vers la consommation, souligne Steeve Teriitehau. Le texte promet une restitution des cotisations salariales pour améliorer le pouvoir d’achat, mais c’est illusoire. On donne de la main droite, on reprend de la gauche. La consommation ne doit pas être le levier d’ajustement ». Une thèse que conteste Christopher Gyges qui s’est exprimé sur le sujet.
Ce n’est cependant pas le seul argument de la Fédé pour justifier la non-signature de l’accord-cadre : « entre le début et la conclusion de la conférence sociale et fiscale, le texte n’a pas bougé d’un iota, affirme le secrétaire général. Ce document est un copier-coller du projet NC Éco et du PS2R, il était figé depuis le départ, et malgré les échanges, rien n’a changé ».
Pour la Fédé, les mesures de l’accord-cadre sont risquées, parce qu’elles vont mener à une inflation des prix. « Or, depuis le 13 mai, de plus en plus de gens ont faim, souligne Steeve Teriitehau. Si les prix augmentent encore, on risque de se retrouver avec des émeutes de la faim ». Face à ces constatations, la Fédé souhaite agir, non seulement pour alerter sur les risques de la mise en œuvre de l’accord-cadre, mais également pour proposer d’autres mesures, jugées plus justes. Ses représentants ont notamment proposé :
- une modification de la fiscalité : hausse de l’impôt sur le capital, réduction de la TGC, lutte contre les exonérations inefficaces, etc;
- la création d’un observatoire institutionnel des inégalités « afin de collecter de la donnée pour pouvoir réagir avec efficacité et transparence »;
- la revalorisation des bas salaires;
- de « véritables mesures contre la vie chère»;
- ou encore une réforme du RUAMM, avec notamment une hausse de la contribution des hauts revenus.
Et maintenant ?
La Fédé entend désormais diffuser son plan auprès du Congrès, du gouvernement, des provinces, de l’État et des groupes politiques nationaux. Elle prévoit également des actions d’information auprès de la population, afin que celle-ci « fasse pression sur ses représentants ». « On ne prévoit pas de retour dans la rue à ce stade, précise le secrétaire général. Mais nous prendrons nos responsabilités si le plan du gouvernement passe en force ». La Fédé espère aussi rallier d’autres syndicats autour de ses propositions : « Le jour où on abordera l’augmentation de la TGC, il est fort probable que certains signataires ne soient pas d’accord. Une union syndicale n’est pas exclue », a-t-il conclu.
Kim Jandot