L’idéologie, les postures, les revendications, les appels à l’Onu ou à la Cour Internationale de Justice n’y peuvent pas grand chose. Pas plus d’ailleurs que les compétences locales, sorte de Ferrari sans carburant. La faillite des trois usines de nickel calédoniennes s’inscrit dans le monde impitoyable de la globalisation, et se trouve régie par les lois du business international et du capitalisme. Dans ce concert, seule une grande puissance comme la France peut conduire un sauvetage. Et chance pour les Calédoniens : leur territoire fait partie de la France.
Les « parties prenantes » locales sont en réalité aux abois. Les grands actionnaires privés, comme ils en ont le droit, ne veulent plus mettre la main à la poche. Rien ne les y oblige, d’ailleurs. Des règles existent pour les sociétés en situation de cessation de paiement. Après avoir épuisé toutes les mesures de sauvegarde, la liquidation peut intervenir. Seul espoir, alors, une reprise avec son lot de contraintes qu’imposerait le repreneur.
Glencore ayant annoncé la fermeture du robinet financier, tout comme Eramet, l’actionnaire majoritaire de KNS ne peut constater qu’il est nu. Quant à la Nouvelle-Calédonie, dont les trois provinces possèdent un tiers de la SLN, après avoir empoché, comme les autres actionnaires en leur temps, les dividendes versés en périodes fastes, elle est comme la cigale. Elle a chanté pendant les années d’opulence, et se trouve bien dépourvue en ces dramatiques moments où souffle la bise.
L’État, pour des raisons où se conjuguent la solidarité avec l’une de ses collectivités, son propre intérêt industriel, et le rôle européen qui est le sien, a proposé un plan pour « assurer la pérennité » de nos outils industriels. Les « parties prenantes « calédoniennes n’ont, en réalité, pas le choix. Elles se trouvent incapables d’élaborer une solution globale, et encore moins capables de bâtir des perspectives viables pour la principale richesse de la Nouvelle-Calédonie. Pitoyable constat.
Certes, les industriels, eux, savent ce qu’il conviendrait de faire. Mais ils n’ont pas les moyens de résoudre les difficultés résultant d’une partition économique de fait. Seul l’État, grâce à son chéquier, le peut. C’est probablement ce qu’il fera, avec le tact qui convient en ces circonstances, pour ménager quelques susceptibilités locales. L’émancipation réelle de la Calédonie n’est pas pour demain.