Il existe, en Nouvelle-Calédonie, une culture régionale française. Livres, théâtre, cinéma, poésie, cuisine ou traditions s’expriment évidemment en langue française. Mais ce « français calédonien » possède ses accents, ses tournures de phrases et son vocabulaire particulier. Ainsi, un Parisien, un Marseillais ou un Réunionnais auront du mal à comprendre l’intégralité des aventures de “Tonton Marcel”. Un mot du lexique calédonien aujourd’hui : débourrer !
Débourrer : voilà un mot dont nous allons, au préalable, vous donner toutes les significations du français standard, et même du québécois ! Vous apprécierez ainsi tout le sel, la substance du sens calédonien de ce mot imagé.
Bon, d’abord le français standard. Débourrer, c’est :
- Enlever la bourre des peaux avant tannage.
- Au Canada (Acadie), déballer : Débourrer un cadeau.
- Donner à un jeune cheval le premier dressage à la selle et aux aides.
- Vider une pipe de son tabac.
- Faire momentanément ressortir d’une pièce le foret qui y effectue un perçage afin qu’il entraîne vers l’extérieur les copeaux qu’il a formés.
Et enfin pour être tout à fait complet :
– Enlever le bourrage et l’explosif d’un trou de mine qui est déjà chargé.
Voila. Mais vous ne savez pas tout : nous allons vous apprendre le reste. En Calédonie, vous pouvez au moins lui ajouter deux autres significations.
La première, c’est partir, démarrer assez rapidement -on dit ici « planter un démarrage »-, c’est prendre un départ rapide, et parfois soudain. « Les braconniers, quand y z’ont vu les gendarmes, ben tu connais, y z’ont débourré« .
La seconde signification, totalement différente, c’est admonester, exprimer des reproches avec vigueur : « Jojo, il est rentré un peu pété chez lui, et son père y rigole pas. Y s’est pris une de ces débourrées« .
Bon. Il est l’heure : à nous de débourrer ! A la prochaine, chers lecteurs.