Christophe Sand, archéologue calédonien (HDR), responsable durant trois décennies de l’archéologie de la Nouvelle-Calédonie, étudie depuis 40 ans le passé des peuples du Pacifique à travers des recherches de terrain en Mélanésie, en Polynésie et en Micronésie. Il a publié des ouvrages, et des articles scientifiques et des livres de vulgarisation traitant des différentes périodes de l’histoire océanienne, du peuplement Lapita jusqu’au bouleversement colonial.
Il a reçu le prix Luc DURAND-RÉVILLE 2024 de l’Académie des Sciences d’Outre-mer pour son ouvrage Hécatombe océanienne. Histoire de la dépopulation du Pacifique et ses conséquences (XVIe-XXe siècle).
L’ACADÉMIE DES SCIENCES D’OUTRE-MER
C’est à la suite d’une série de réunions qui eurent lieu au cours de l’année 1922 et au début de l’année 1923 que fut imaginée la formation d’une Académie des Sciences dédiée à l’Outre-mer français. En février 1922, sur l’initiative du journaliste Paul Bourdarie, accompagné de Maurice Delafosse, africaniste, et d’Alfred Martineau, professeur au Collège de France, une note est remise à Albert Lebrun, ministre des Colonies, laquelle explique la nécessité d’une académie. Le ministre ayant donné son accord, des réunions préparatoires se succédèrent, puis le 8 juillet, au siège de l’Alliance Française, 101, boulevard Raspail, se tint la réunion décisive dont l’ordre du jour portait : « Fondation de l’Académie des sciences coloniales ; lecture et discussion des projets de statuts et du règlement intérieur et, éventuellement, du bureau ».
L’Académie compte parmi ses fondateurs et membres de noms prestigieux, plusieurs présidents de la République, jusqu’à Boualem Sansal, actuellement détenu en Algérie, et dont la situation trouve un grand écho parmi les médias.
LUC DURAND-RÉVILLE
Luc Durand-Réville, né le 12 avril 1904 au Caire, fut un grand administrateur colonial et un homme politique ; il représenta le Gabon au Sénat. Après la fin de son mandat, il fut membre du Conseil économique et social. Il a consacré de nombreux ouvrages au problème de l’aide au développement. Élu correspondant de l’Académie en 1972, il a légué, à sa mort survenue en 1998, un capital permettant de financer un prix annuel qui récompenserait un travail relatif à l’aide de la France ou de l’Europe au profit du développement économique du tiers-monde. Le legs ayant été accepté le lundi 19 mars 2001 par la commission administrative de l’Académie, le prix a été décerné pour la première fois en 2003.
L’OUVRAGE PRIMÉ DE CHRISTOPHE SAND
Pourquoi la dépopulation des peuples du Pacifique à la suite des premiers contacts avec les navigateurs occidentaux a-t-elle — à de rares exceptions près — été minimisée depuis plus d’un demi-siècle, alors même que les données archéologiques, les premiers écrits européens et des traditions orales l’attestent. Christophe Sand s’est attelé à rassembler un ensemble considérable de témoignages de l’époque des grandes expéditions, de récits d’aventuriers, d’archives missionnaires et coloniales. En les associant à des éléments de traditions orales et à des découvertes scientifiques, il a analysé la chronologie de multiples cas de dépopulation à travers le Pacifique et a tenté de les identifier.
Les chapitres centraux présentent ainsi au lecteur une image composite de la question de la dépopulation océanienne à partir du début de l’exploration européenne — qui remonte pour certaines îles à près de 500 ans. Au-delà de la mise en perspective factuelle de cet effondrement démographique, l’étude propose d’en mesurer l’impact sur les organisations sociales, symboliques et politiques des Océaniens, ainsi que les séquelles traumatiques contemporaines.
SAND Christophe. Hécatombe océanienne : histoire de la dépopulation du Pacifique et ses conséquences (XVIe-XXe siècle) – Pirae, Tahiti, Polynésie française : Au vent des îles , 2023