La naissance du projet du France II qui vise aussi à transporter le nickel calédonien
La réputation mondiale de Christofle est faite. La manufacture innove et adopte un procédé nouveau : la galvanoplastie, cette technique à l’époque révolutionnaire qui permet un dépôt métallique à la surface des objets par électrolyse. Christofle ouvre alors son usine à Saint Denis qui sera pendant 10 ans, la seule usine à fabriquer du maillechort.
Le lieu est important pour la facilité des approvisionnements. Saint Denis est situé à proximité de Paris, la capitale, raccordé à la voie ferrée, et desservie par un canal, le canal Saint Denis. Ainsi, le minerai de nickel peut y être livré d’abord en provenance du Havre, puis transporté sur la Seine et livré par le canal Saint Denis.
Ce nickel, vous l’avez compris, est du nickel calédonien et pour sécuriser son approvisionnement, la manufacture Christofle a passé un accord d’exclusivité avec les grands exploitants de mines de nickel en Nouvelle-Calédonie.
Transporter le nickel calédonien avec le France II, tel est donc le dessein de Henri-Victor Prentout-Leblond.
La construction du géant des mers commence dans les chantiers navals de la Gironde le 9 novembre 1911. Le futur France II dépasse tous les records, et va innover dans le domaine de la navigation à voile et dans le confort de la croisière. C’est la réalisation hors norme que vous allez découvrir dans l’épisode 5 la semaine prochaine.
ARRÊT SUR IMAGE : LE SURTOUT
QUI VA RENDRE LA MAISON CHRISTOFLE
CÉLÈBRE DANS LA MONDE ENTIER
La coopération entre le nickel calédonien et Christofle qui va devenir, au début de la seconde moitié du 19esiècle, l’orfèvre le plus prestigieux au monde, mérite un « arrêt sur image ». Retour sur le « surtout » commandé par le prince-président Louis-Napoléon Bonaparte en 1852 et qui va rendre célèbre la fameuse Maison. Pour l’Histoire, après le 2 décembre 1852, date de la proclamation de l’Empire, le premier président de la République française devient l’Empereur Louis-Napoléon III. Cet événement survient quelques mois avant que, sur ses instructions, la Nouvelle-Calédonie ne devienne française.
Mais d’abord, qu’est-ce donc qu’un « surtout » ?
Un surtout de table, également connu sous le nom de « milieu de table », est une imposante pièce d’orfèvrerie ou de céramique ornant le centre de la table. En argent ou en cuivre doré, il prend la forme de plateau , dont le fond est parfois orné d’une glace. Il existe des surtouts décorés de statuettes et de groupes exécutés d’après les modèles des statuaires les plus célèbres.
Le surtout commandé par le prince-Président est un extraordinaire ensemble destiné à la mise en scène des tables d’apparat au palais des Tuileries. Bijoutier depuis 1830, Charles Christofle qui devient, sous l’Empire, le plus grand orfèvre mondial, détient des brevets de dorure et d’argenture électrolytiques, un des secrets de ses fabrications.
Destiné à une table de 30 mètres de long prévue pour cent convives, l’ensemble du surtout comporte quinze pièces monumentales exécutées en galvanoplastie. 121 pièces le composent, sa partie centrale mesure à elle-seule près de 3m. Au centre, une allégorie de la France couronnant le char de la Paix à gauche et celui de la Guerre à droite. Autour, quatre coupes symbolisent les villes de France. Huit candélabres représentant différents corps de métiers l’encerclent. En 1871, les Tuileries sont incendiées lors des événements de la Commune. Le célèbre surtout sera partiellement récupéré dans les décombres, puis exposé au Musée des Arts Décoratifs où on peut l’admirer.