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    VANESSA GERVOLINO, FONDATRICE DE L’ÉCOLE INTERNATIONALE JAMES COOK : ITINÉRAIRE D’UNE FEMME D’EXCEPTION

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    Elle fait partie des Calédoniennes qui ont eu une idée et l’ont concrétisée à la force de volonté et de travail. Derrière l’école internationale James Cook se cache Vanessa Gervolino, une femme passionnée par les pédagogies innovantes et déterminée à proposer quelque chose de nouveau pour le pays. Au départ, une école, une tenue pour les élèves … au nombre de 7, 3 enseignantes, pas de moyens, mais une volonté à déplacer les montagnes. 17 ans plus tard, elle est à la tête d’un établissement original de près de 500 élèves offrant tous les niveaux d’enseignement. Et qui sera probablement dupliqué … dans un pays anglo-saxon.

    Un modèle éducatif calédonien original, précurseur de l’uniforme scolaire, probablement sans équivalent dans la région

    Lorsqu’une personne dédie sa vie au monde de l’enseignement, on a tendance à penser qu’elle a toujours aimé l’école… Et pourtant ! Calédonienne d’origine, Vanessa Gervolino a effectué sa scolarité dans le système public. « Je n’avais qu’une hâte, finir mon cursus scolaire et ne plus aller à l’école, se souvient-elle. Finalement, j’y aurais passé ma vie… Je n’étais pas très scolaire, ce n’était pas mon profil. Ce n’est pas que je n’aimais pas l’école, mais disons que certains professeurs m’ont marqué positivement, et d’autres… beaucoup moins. Mais le contact de l’enseignant avec l’élève, la manière de travailler, de valoriser l’élève, je crois que quelque part, ça m’a toujours interpelé ».

    À la fin du lycée, Vanessa Gervolino est, comme beaucoup de jeunes de son âge, un peu dans le flou. Commissaire de police ou encore décoratrice d’intérieur, plusieurs idées lui passent en tête. Elle choisit finalement de partir en France faire un DEUG d’anglais à Poitiers. « Il y a 30 ans, j’ai pris ce qu’il y avait de plus simple pour aller faire un tour à l’extérieur du territoire car j’ai senti que j’avais besoin de ça, justifie-t-elle. Ma meilleure amie était sur Poitiers, donc je suis allée à Poitiers. Je n’ai pas du tout aimé… Notamment la manière dont les Français enseignent l’anglais. Il aurait fallu que je parte faire de l’anglais en Nouvelle-Zélande ou en Australie, mais ce n’était pas si simple à l’époque ».

    Suite à cette expérience décevante, elle décide de revenir sur le Caillou. Et là, coup de massue : ses parents refusent qu’elle commence un nouveau cursus, pas de deuxième chance. « Je me suis donc lancée dans des remplacements scolaires parce que j’ai toujours eu un bon contact avec les enfants, se rappelle-t-elle. Je connaissais déjà un peu ce métier puisque ma mère avait été enseignante. J’ai fait 6-7 mois de remplacement itinérant en province Sud, et cela m’a bien plu. J’ai donc décidé de présenter le concours de l’IFM [NDLR : Institut de Formation des Maîtres en Nouvelle-Calédonie] que j’ai réussi, puis j’ai intégré la formation de trois ans ».

    De cette formation, elle garde un excellent souvenir : « je pense que c’est une des meilleures formations pédagogiques qu’ils aient pu faire, soutient-elle. En plus de la formation en enseignement, il y avait une partie pédagogique, des cours sur la culture calédonienne, des stages… On nous donnait l’occasion d’expérimenter et de mettre des choses en place pour comprendre réellement ce qu’est la pédagogie. Parce que les enfants, ce n’est pas évident ! Il faut avoir beaucoup de patience et de pédagogie ».

    LIFOU : UNE EXPÉRIENCE DÉTERMINANTE
    Après sa titularisation, Vanessa Gervolino prend son premier poste à Lifou où elle reste quatre ans. Elle apprécie particulièrement cette expérience marquée par la transmission : « pour moi, au-delà de l’enseignement, nous sommes des éducateurs, et nous sommes là pour transmettre des choses aux enfants », confie-t-elle. Une année, elle décide de se lancer un défi fou : emmener ses élèves de maternelle à Nouméa pour qu’ils participent à un spectacle à la FOL. « C’est le centre culturel Tjibaou qui nous a accueilli, des mamans nous ont accompagné, on y a passé quatre jours et les élèves ont fait leur spectacle, raconte-t-elle. C’était un super projet qui a motivé tout le monde ». Dès ses débuts dans l’enseignement, Vanessa Gervolino sort du cadre. Cet amour du « projet » comme outil d’apprentissage, elle le conservera tout au long de sa carrière. « Pour construire un projet, il faut utiliser ses connaissances en français, en mathématiques, en sciences, en histoire, en géographie… Ça donne du sens aux apprentissages », explique-t-elle.

    DE RETOUR À NOUMÉA
    Après son expérience aux îles Loyauté, elle revient à Nouméa. Elle enseigne six ans à l’école Yvonne Dupont où là aussi, elle tente de nouvelles méthodes pédagogiques. « J’avais des enfants aux besoins très différents, souligne-t-elle. Certains étaient placés en famille d’accueil à cause d’un contexte familial difficile, d’autres étaient anglophones car l’école est située à côté des logements de la CPS. Quels que soient les défis auxquels ils font face, les enfants apprennent très vite, mais ils ont tout de même besoin d’être accompagné ». Afin que chaque élève puisse progresser à son rythme, tout en se sentant soutenu, l’enseignante a fait appel à sa manière un peu différente de faire les choses. « Le contenu du programme scolaire est resté le même, je n’ai rien inventé et j’ai toujours suivi ce qu’on attendait de moi, précise-t-elle. Mais mon objectif a toujours été de trouver des moyens pour transmettre les connaissances tout en intéressant les enfants. C’est ce qui me motive. J’ai donc multiplié les projets et les supports : expositions, théâtre, poésie… »

    UNE HISTOIRE PARTICULIÈRE AVEC L’ANGLAIS
    « J’ai été mise en contact très tôt avec l’anglais, parce que mon père était gestionnaire pour le Club Méditerranée [NDLR : ex Club Med], explique-t-elle. De ce fait, j’ai eu la chance de pouvoir beaucoup voyager dès le plus jeune âge : Malaisie, Indonésie, Espagne, France, île Maurice, Réunion, Bangkok, Singapour… Forcément, ça ouvre l’esprit. Dans les clubs Méditerranée, l’anglais est la langue de communication, donc j’ai dû apprendre rapidement pour me débrouiller ». Parallèlement à cette expérience, Vanessa Gervolino est également accueillie à plusieurs reprises dans une famille d’accueil en Nouvelle-Zélande. « J’avais cette appétence vis-à-vis de l’anglais, la volonté de maîtriser cette langue, souligne-t-elle. Je n’avais pas forcément le côté très « scolaire » de la langue avec une grammaire parfaite, mais j’avais l’envie de communiquer, de pouvoir rentrer facilement en contact avec les autres, ce que j’ai toujours apprécié ».

     DES VOYAGES QUI L’INSPIRE
    Parallèlement à sa carrière d’enseignante, la jeune femme continue de beaucoup voyager, et elle en profite pour observer les différents systèmes scolaires. Ces découvertes alimentent sa réflexion personnelle. « À Singapour et Shanghai, les enfants vont à l’école uniquement à mi-temps, où ils apprennent uniquement les matières fondamentales, explique-t-elle. Le reste du temps, c’est au choix des parents. C’est un système qui fonctionne plutôt bien. J’ai visité la Green School de Bali, qui est très atypique, ainsi qu’une école située à Irkoutck, en Russie, où j’ai la chance d’être reçue par la ministre de l’éducation ». Elle observe également les systèmes scolaires des pays anglo-saxons, qu’elle trouve inspirants : « L’uniforme, le mode de fonctionnement, les journées moins longues… tout ça m’interpellait ». À Paris, elle visite l’école bilingue Jeannine Manuel, et s’attarde sur leur méthode pour apprendre l’anglais qu’elle juge pertinente, mais pas adapté au territoire : « c’est à ce moment-là que je me suis rendu compte qu’il faut absolument adapter les choses à notre région, notre culture et notre environnement, explique-t-elle. Il n’existe pas de méthode magique qui fonctionne partout ».

     DU RÊVE À LA RÉALITÉ
    Forte de toutes ces réflexions et découvertes, Vanessa Gervolino décide de faire le grand saut : elle quitte le public et décide de fonder sa propre école. « Je voulais essayer autre chose, affirme-t-elle. Je me suis dit, il y a un truc qui manque. Nous sommes en Nouvelle-Calédonie, un territoire français, mais nous sommes entourés de pays anglophones et notre niveau d’anglais n’est pas très bon. Ça a commencé à cheminer dans ma tête. Alors que j’étais encore en poste, j’ai commencé à monter le projet : quoi ? comment ?

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