Il existe, en Nouvelle-Calédonie, une culture régionale française. Livres, théâtre, cinéma, poésie, cuisine ou traditions s’expriment évidemment en langue française. Mais ce « français calédonien » possède ses accents, ses tournures de phrases et son vocabulaire particulier. Ainsi, un Parisien, un Marseillais ou un Réunionnais auront du mal à comprendre l’intégralité des aventures de “Tonton Marcel”. Retour sur un mot du lexique calédonien aujourd’hui : Le baby-car !
Au moment où les transports publics connaissent une crise après les destructions économiques provoquées par les émeutes du 13 mai, comment ne pas revenir sur l’époque pittoresque des « baby cars » ? Le réseau Taneo fonctionnait avec plus de 3 milliards de dotations publiques, alors que celui des baby-cars n’en recevait aucune. Bien sûr, il faut comparer ce qui est comparable. Les baby-cars bleus ne desservaient que Nouméa. Le réseau était moins moderne. Mais tout de même ! Retour sur image.
Ce terme est devenu totalement désuet tout simplement parce qu’il n’existe plus de « baby car ». Le baby-car était autrefois le bus –en Calédonie, on dit le beusse- de Nouméa. Ce transporteur Renault, de couleur bleue, avec un avant oblique plongeant caractéristique, une ouverture … manuelle de la porte avant pour la sortie des passagers –une vingtaine maximum- était le véhicule presqu’obligé des entrepreneurs-propriétaires individuels desservant les lignes de transport public.
C’est un ancien G’Is, Bill Barney, originaire de Pennsylvanie et ayant épousé une calédonienne, qui créa et exploita le premier car Renault appelé Bill’s Car. il inventa probablement l’ingénieux dispositif articulé qui permettait au chauffeur l’ouverture et la fermeture de la porte depuis son siège. Il leur attribua, en raison de leur taille réduite, le qualificatif de ‘Baby Car’.
La gare des baby-cars était située sur la Place des Cocotiers, sur le passage de la rue d’Austerlitz, entre la rue Jean Jaurès et la rue Anatole France.
On disait alors : « je rentre en baby-car » ou « je prends le baby car », ce qui signifiait clairement que l’on utilisait le transport en commun.
Aujourd’hui, le baby-car appartient au passé. Mais le mot endémique du vocabulaire calédonien possède d’autres significations locales !
Ainsi, ce mot est également utilisé pour désigner une masse imposante. Un plongeur qui, par exemple, aura croisé en pêche sous-marine, un gros requin, pourra dire « Pfff hé le mec c’était un baby-car ».
Et pour les nostalgiques, le petit bus bleu est toujours dans la chanson « baby car très joli, malheureusement, c’est un petit l’auto » …