Il existe, en Nouvelle-Calédonie, une culture régionale française. Livres, théâtre, cinéma, poésie, cuisine ou traditions s’expriment évidemment en langue française. Mais ce « français calédonien » possède ses accents, ses tournures de phrases et son vocabulaire particulier. Ainsi, un Parisien, un Marseillais ou un Réunionnais auront du mal à comprendre l’intégralité des aventures de “Tonton Marcel”. Un mot du lexique calédonien aujourd’hui : JOUQUER !
Jouquer, littéralement percher comme les poules. En Anjou le jouc désigne le perchoir des poules.
Par extension, cela signifie être perché, être juché sur une échelle, une chaise…
Exemple : « le temps ne va point tarder à se débaucher, les dindons sont jouqués ! » (pour plaisanter quelqu’un que l’on voit jouqué/perché sur une échelle).
En Haute-Normandie et plus précisément dans le Pays de Bray, le verbe « se jouquer » veut dire aller se coucher. On dira : « J’m’en vas me jouquer » ou « j’m’en vas au jouc ». En fait, ce terme vient des poules lesquelles, quand elle vont dormir, vont se jouquer (se jucher) sur leur perchoir
Mais « jouquer », en Calédonie, a, bien entendu, plusieurs significations qui nous sont propres !
Il y a d’abord un sens qui a pratiquement disparu, celui de fixer le joug sur les cornes des boeufs à l’aide de longues courroies de cuir. Dans les mille et un mots calédoniens, l’exemple choisi est « On ne sait plus jouquer les boeufs maintenant ». L’opération inverse était ainsi de « déjouquer ».
Le deuxième sens a toujours cours, mais qui tend à se raréfier. On jouque quand on part, voire même lorsqu’on s’enfuit, devant un risque, une menace ou un danger.
« Y faisait le malin, mais quand son pater est arrivé, ben tu connais, il a jouqué« .
Pour les dégagistes, jouquer peut même signifier « dégage ». « Allez, je t’ai assez vu. Jouque« . Une façon locale de dire « allez, mon cher. Je vous ai suffisamment vu » …